Voyage au bout du jour - Béhémoth

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La mort de sa femme hantait Philippe jour et nuit et il pensait trouver l'oubli en roulant jusqu'à cette île d'Ouessant que le soleil éclaire de ses derniers rayons avant de s'enfoncer derrière l'horizon. Mais sur sa route, il croisa Liane, la fille aux yeux pâles. Ils furent désormais deux à fuir leurs souvenirs. Et lorsqu'ils franchirent la mer pour gagner Ouessant, l'horreur tentaculaire tapie dans les abysses se mut à leur rencontre. Décidément, il est des voyages qu'il vaut mieux ne jamais entreprendre, surtout s'ils vous conduisent jusqu'au bout de la peur et jusqu'au bout du jour...

Bof, bof, bof... Ce bouquin de Béhémoth (alias Corselien, Kaa, de son vrai nom Pascal Marignac) possède une bonne mise en scène lovecraftienne (un poulpe géant sur l'Île d'Ouessant, au large de Brest) mais beaucoup de points restent obscurs. Lecture assez vite ennuyeuse malgré une atmosphère bien développée en première partie.

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Bloodfist - Schweinhund

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Bloodfist traite de la notion de confrontation. Il y a des filles faciles-femmes fatales, un gourou de banlieue, des pratiques sexuelles extrêmes, et deux types souffrant - ou pas - d'hallucinations qui traînent dans les caves. Comment tout cela pourrait-il finir autrement qu'en boucherie ?

Extrait: L'homme-seringue s'entrouvre, il a une haleine de poubelle, sa langue est une aiguille qui s'insinue entre mes lèvres... Alors je serre les dents de toutes mes forces, je mords jusqu'à ce que j'entende un hurlement, je serre et serre encore... Il y a du sang dans ma bouche, je mords de plus en plus fort, mes dents tranchent quelques chose de grumeleux que je crache aussitôt dans l'égout.

BLOODFIST est un bouquin étrange aux cercles multiples. Il m'est extrêmement difficile de résumer une telle construction dans le gore. C'est une oeuvre anatomo-psychanalytique dont vous suivrez le personnage central par le biais de ses pensées et actes. Les confrontations avec l'homme rasé amènent un côté rationnel qui tranche avec le romanesque malsain et imagé du tueur. L'illusion se mêle au fantasmagorique cruel. Le lecteur est désorienté par les pistes multiples et les scènes horribles et explicites.

Comment illustrer l'intrigue ? Imaginez un miroir sans tain qui reflète la folie meurtrière. Vous vous trouverez derrière la glace et contemplerez le Mal, démuni et désarmé. Ce bouquin est également une gigantesque allégorie théâtrale. Les personnages sont anonymes, esquissés par des hallucinations. Tout semble factice et pourtant vrai. Les frontières de la raison sont floues.

Je vous préviens de suite que la lecture ne sera pas aisée ni mâchée aux lecteurs. Une bonne nuit de sommeil sera nécessaire entre les chapitres. Vous devrez vous oxygéner le cerveau entre les paragraphes. C'est un Gore intelligent et précurseur d'un genre névrotique. Assurément, il mérite une relecture pour jouir pleinement des facettes de ce diamant maudit.

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Pestilence - Degüellus

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L'ignoble Moyen-âge... Un village dans les marais, une épidémie... Hommes, femmes et enfants couverts de bubons, qui meurent dans d'atroce souffrances, lorsqu'ils ne sont pas brûlés vifs. Et ce médecin de la pestilence aux prises avec un complot répugnant...

Extrait: Les corps étaient dans le grand lit. Barbet, pourtant habitué aux cadavres, s'accrocha au chambranle, écœuré. Le père de famille, visage tourné vers le médecin, semblait le dévisager. L’œil gauche disparaissait sous une énorme cloque putride dont s'échappait une coulée de pus brunâtre. Le nez était tombé, laissant un orifice à vif, au pourtour rosacé recouvert d'un mucus glauque contournant les lèvres constellées de bubons, figées en un rictus de douleur.

J'ai toujours été fan des récits médiévaux de Brussolo et j'estime que Deguellus a fait mieux. J'ai tellement aimé ce bouquin se passant au 14ème siècle que je l'ai dévoré en une seule journée. Imaginez un village reculé (Saint Ragondard) planté au milieu de marécages. La pestilence décime les habitants et on brûle des Juifs car on pense, à l'époque, que ce sont eux les responsables de la Peste. Mais ce fléau est différent et les victimes meurent dans d'atroces souffrances. Un médecin, radié de l'Ordre, arrive au village et tente de résoudre ce mystère. Les personnages sont multiples et possèdent une personnalité propre. Nous sommes littéralement plongé dans une ambiance superbement rendue, les décors sont en place et l'intrigue est parfaite. Mais là ou l'auteur réalise une véritable prouesse, c'est la précision des dialogues. Le vocabulaire utilisé illustre les faits et gestes de tous les protagonistes. Certaines scènes sont brillantes, je pense au châtiment du fouet par le nain Horatio ou encore à l'intrusion du médecin dans cet étrange monastère. Vous y trouverez aussi la Sainte Inquisition, des moines maléfiques, un complot, des scènes de cul, des actes de barbarie... j'ai été captivé comme jamais. J'ai pour habitude de noter sévèrement ce que je lis mais je dois admettre que ce roman mérite un beau 20/20. Il est tout simplement parfait.

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Necroporno - Robert Darvel

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Apocalypse nécrophage et pornographique. Agonies brutales accompagnées d'une incontrôlable soif de sexe. Tout cela parce que, à Eternod, la faune des cadavres dédaigne la fade chair des morts pour dévorer celle des vivants.

Extrait: Une jeune fille se dressa et offrit à l'aïeul un cul admirable, peau des reins ôtée qui dévoilait sa fragile colonne vertébrale affleurant de sa raie culière, os dépiautés, taraudés par une cohorte chitineuse, qui se brisa net sous l'ardeur qu'elle mit à vouloir se faire foutre et bascula, entraînant avec elle boyaux et organes le long des lambeaux luisants de ses lombaires.

Que dire de Necroporno ? C'est du Darvel pur jus. Un brio incomparable dans le ton et l'atmosphère. Un grand Jardin des Délices contemporain avec sa Nef des Fous. Eternod, ville maudite ayant connu une épidémie de choléra. Des décennies plus tard, les habitants se trouvent confrontés à des mouches nécrophages dont le processus est inversé. Les mutilations se mêlent aux pulsions sexuelles. C'est un formidable élan putride et sacrificiel. Il ne faut surtout pas manquer l'équipée sauvage d'un tank dans les décombres de la ville, les massacres dans une chambre froide ou encore les réflexions philosophiques sur la taille du sexe du maître nageur tandis que la piscine municipale grouille de cadavres se bouffant de l'intérieur.

TRASH a réussi son pari en nous proposant trois premiers romans d'une intensité remarquable et très variée. Les styles des auteurs parviennent (enfin) à rendre le gore intelligent et littéraire. Ce n'était pas chose aisée mais le défi est relevé. Il me tarde de découvrir les prochains volumes. À cela s'ajoutent des couvertures de grande qualité et révélatrices des thèmes proposés. Et pour la modique somme de 6 euros l'exemplaire, il faut reconnaître que TRASH ÉDITIONS méritent d'être canonisées.

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Un festin de rats - Berma

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Après tout, c'était sa faute ! Mathilde n'aurait pas dû poser tant de questions embarrassantes. Ainsi, Louise n'aurait pas été contrainte de la livrer en pâture à ses chers protégés et la vie, aux "Ormes", aurait continué comme avant... Enfin, presque, car Louise n'était pas seule à jouer avec la vie des autres dans cette maison de retraite pour vieillards fortunés. D'autant que Christian, le directeur, avait appris son métier dans de bien peu avouables circonstances. Et si les "Ormes", ce manoir au nom si tranquille, n'était que l'antichambre de l'enfer ?

Seul point positif de ce second opus : la couverture de Gourdon ! Dieu qu'elle est belle. L'intrigue en elle-même est mal ébauchée. Un Thierry Jonquet aurait écrit un truc exceptionnel avec la même trame. Une maison de retraite de luxe, un directeur sadique, un château abandonné, une fosse pleine de rats affamés, des héritiers soucieux de voir disparaitre certaines vieilles (avec la compassion complice du directeur et de son épouse)... tout était là pour une bonne histoire... mais les scènes de tortures et de sévices tournent en boucle et rendent une lecture indigeste et ennuyeuse. Dommage.

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TRASH ÉDITIONS, c'est quoi et qui ?

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"Le collectif TRASH rassemble des auteurs et illustrateurs qui ont de la tripaille et des entrailles à revendre. Ils ont décidé de se réunir pour oeuvrer, ensemble, à l'édition de romans dégueulasses, choquants, gores, avec plein de sexe, de sang, de foutre, de sueur et de larmes. Notre but, c'est autant de rendre hommage à la mythique collection GORE du Fleuve Noir que de tenter, modestement, de poursuivre sa démarche en proposant des romans courts, secs, nerveux et sans concession."

Les trois trashers parus en juin 2013 seront chroniqués prochainement. Je vous rappelle les trois sorties prévues en novembre. Toutes les infos sur les liens à gauche. Je vous encourage à découvrir cette maison d'édition qui a le mérite (et le courage ?) de relancer le phénomène gore en France !

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Pourquoi j'écris du gore ?

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Pourquoi j’écris du gore ? Je me pose souvent cette question. Qu’est-ce qui pousse certains auteurs à franchir le pas de cette littérature malsaine et incomprise parmi nos proches ? Nous sommes pourtant des êtres sains (enfin je crois), ne mangeons pas de chair humaine avec un bol de café, ne nous masturbons pas non plus devant un chien écrasé sur le bord d’une route. Je suis comme la plupart des gens : marié, une baraque à payer, un chien, des serins à la con qui se battent dans une volière, une femme et des gosses. On s’échine sur un paragraphe mettant en scène un viol minable dans une ruelle sombre, on file aider les gamins à terminer leurs devoirs et on repart aussi sec dans notre histoire où le sang et la peur se mêlent aux viscères fumants, à la mutilation et à la torture. Quoi de plus normal, hein ? Quel est ce besoin viscéral de raconter de telles histoires ?

Je crois important de dire que le phénomène GORE est grand-guignolesque et doit le rester. Ce que nous écrivons n’aura jamais la puissance de la misère quotidienne. Allez traîner vos pattes dans une unité Alzheimer, en gériatrie ou encore au SAMU et vous rencontrerez les véritables souffrances humaines et le sordide caché du quotidien. Vous voyez bien que je suis un homme normal ! Comme mes confrères, je suis fasciné depuis tout gamin par les serial-killers mais je serais le premier à faire dans mon froc si je venais à en croiser un vrai dans une impasse, un soir de novembre. Il ne faut pas se leurrer : nous sommes des plaisantins. Le gore a-t-il été créé pour nous rassurer ? Nous donner le léger frisson de dégoût qui manque dans nos vies routinières, conformistes, douillettes et civilisées ? Je ne connais aucun auteur du genre qui soit rescapé d’un génocide rwandais ou syrien ! Le gore est-il uniquement perceptible et accepté par les sociétés progressistes, consuméristes et démocratiques ? Je n’ai pas envie de partir dans un débat qui n’intéressera personne mais je pense que cette parallèle était nécessaire. Est-ce l’ennui qui me fait écrire du gore ? Voilà la vraie question qui me taraude les génitoires.

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Le Gore selon Nécrorian

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Cet auteur aux nombreux pseudos est sans aucun doute mon auteur GORE préféré car je me retrouve dans ses univers. Mais c'est quoi le Gore pour lui ? En lisant son interview par J.P Mochon en mai 1987 (et parue dans "Autopsie d'une collection, le bel effet GORE" chez Fleuve Noir), je vous cite ses meilleurs passages en la matière : "D'abord, pour que ça accroche, pour que ça tape, il ne faut pas que ça fasse peur. Le gore n'est pas fait pour ça. Il y a l'épouvante, le fantastique, le S.F parfois. Le gore fait gerber. Il écœure, il dérange. Il obsède. Ensuite, un bouquin gore doit être court. [...] C'est exactement comme pour les films : s'il y a trop de sang, on en rigole. Donc je pense qu'il faut que le récit soit court, et qu'il soit haché." "J'ai pris un postulat de départ pour tous mes gores : toutes les histoires se passent aux États-Unis, parce que je crois que le paroxysme peut davantage sembler vrai là-bas qu'ici. Aux U.S.A, on apprend de temps en temps qu'un type a flingué quinze mecs. Quand ça arrive en France, c'est que derrière tout ça, il y a un but excessivement précis. Une vengeance, un truc politique, une partie de chasse. Tandis que là-bas, c'est de la folie pure." "Ce qui me fascine dans le gore, c'est que les hommes sont capables des pires paroxysmes. C'est pour ça que je ne fais pas intervenir de monstres ou de créatures abominables venues d'ailleurs, parce qu'alors, ce n'est plus du gore, mais ça vire au fantastique, et moi, dans ce cas-là, je n'y crois plus." "Le gore est un genre à lui seul et je pense qu'il ne doit pas être constitué uniquement de trucs d'horreur. Il faudrait que ça devienne une manière nouvelle d'écrire des histoires. C'est pour ça que pour moi, le label Gore veut dire : pas de censure, chacun traite le sujet qu'il veut comme il veut, mais pas forcément avec des scènes de viol, d'étripement ou d'amputation. On pourrait très bien imaginer des gores où il n'y a pas tout ça. Parce que je crois que si ça n'évolue pas, comme on ne peut pas aller tellement plus loin, ça va s'affadir et donc, à plus ou moins court terme, perdre des lecteurs."

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Qui m'a fait écrire du populo ?

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Quelle fut votre influence majeure pour écrire de la littérature populaire ? Pour ma part, ce fut le personnage de Bob Saint-Clar, interprété par Belmondo dans "Le Magnifique". Ce film peut sembler débile ou stupide mais il m'a profondément marqué. Le métier d'auteur est caricaturé en quelques signes distincts : - misère financière - misère affective - éditeur véreux - appartement sordide - matériel obsolète

L'écrivain François Merlin est intéressant. Son univers est gris, pluvieux et morose. Tout se détraque dans son logement : la plomberie est foireuse, l'électricité est dangereuse, la pluie gifle les vitres, la voiture rend l'âme (un agent de police se résigne à ne pas donner de PV lorsque l'essuie-glace lui reste dans les mains). Le personnage de l'agent secret Saint-Clar est l'exact opposé : soleil, bronzage, belles femmes, bagarres, dents éclatantes... Pour travailler, Merlin se sert de photographies, prospectus et plans. Tandis que son éditeur se paye de vrais voyages aux destinations paradisiaques. Merlin est divorcé et écrit pour payer la pension alimentaire. Son fils vient manger une fois dans la semaine. Le frigo est vide. L'écrivain est symbolisé comme un forçat, devant taper 80 feuillets dans le week-end, avec une machine à écrire qui ne frappe plus les "R". Il doit écrire vite "sans se relire", surtout pas ! Durant ce temps, son éditeur va en soirée, fume du shit et se pavane. L'éditeur devient l'affreux colonel Karpof, ennemi juré de Saint-Clar. Le mimétisme entre la réalité et la fiction devient un leitmotiv pour le pauvre Merlin. Une sociologue tente de comprendre le phénomène de cette culture populaire... mais Merlin ricane en lui disant : "Tout le monde s'en fout de votre thèse"... avant de se prendre une baffe.

C'est en voyant ce film que je me suis dit un jour : "Putain, j'ai envie de ça !" Merlin prouve aussi qu'écrire est inutile. Il jette tout son manuscrit par la fenêtre à la fin du film. Il veut vivre. C'est formidablement résumé. Contenter le lectorat populaire est fastidieux et vain. Mais on doit le faire.

Vive Saint-Clar et Super Crime Club. Je lui dois beaucoup.

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Victimes - Shaun Hutson

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Frank Miller avait toujours aimé la mort. Ses prothèses, ses masques et ses corps mutilés en mousse de latex étaient tellement réalistes que tous les producteurs de films d'horreur faisaient appel à lui. Seulement, un jour, Frank perdit un œil sur un plateau de cinéma en voulant régler un effet spécial. Une greffe le lui rendit mais rien, désormais, ne fut plus comme avant. Car l'œil greffé de Frank Miller voyait au-delà de la vie, au-delà de la mort. Il voyait les victimes à venir du plus pervers des assassins... Et c'était un spectacle dépassant en horreur tout ce qu'il aurait pu imaginer.

Moi j'aime bien Shaun Hutson. Dans ce premier numéro de MANIAC (plus que sept à lire, bordel !...), Shaun nous concocte plutôt un thriller qui peut rappeler le ton du dernier épisode de l'Inspecteur Harry (La dernière cible). Un spécialiste des effets spéciaux subit une greffe de son œil gauche. Hélas, c'est celui d'un meurtrier ! Il peut dorénavant remarquer un halo sur des photographies lorsqu'il s'agit de victimes potentielles. En parallèle, un tueur en série réalise des crimes atroces calqués sur des meurtres antérieurs. Est-ce un copycat ? Les scènes horribles se succèdent dans un rythme effréné d'une soixantaine de chapitres en 156 pages ! Ça se lit bien même si on peut regretter une intrigue pas totalement gore. Petite anecdote : une victime se prénomme Nicholas Blake. Ce sera un pseudo utilisé par Shaun Hutson (Nick Blake) pour écrire La tronçonneuse de l'horreur, GORE N°12. Victimes est dédié aux membres d'Iron Maiden, le groupe préféré de l'auteur.

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