THIS IS THE END...

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« Voici la fin mon bel ami. Mon seul ami, la fin. » Nous devinons que ce message risque de susciter incompréhension, voire incrédulité. « C'est terminé, vraiment terminé ? » Oui, vous avez bien lu. Il est temps pour nous de quitter l’univers de la blogosphère après de longues années de bons et loyaux services. Nous n’avons pas pris cette décision de gaieté de cœur, et cette page ne se tournera pas sans une pointe d’amertume. Mais les meilleures choses ont une fin.

 

 

Ce blog a été créé en 2013 par Zaroff et devint « Zaroff & Léonox » l’année suivante avec l'arrivée d'Artikel Unbekannt. Puis Serge Rollet, alias Lester, rejoignit l’équipe en 2019. Une page Facebook fut créée pour l’occasion, de façon à donner davantage de visibilité à nos articles. Enfin, grâce à l’intégration de Steve « Tak » Martins, notre trio se transforma en quatuor en 2020.

 

 

Aujourd’hui, le blog du Collectif ZLLT comprend 560 articles, répartis en 20 rubriques. Chacun des quatre chroniqueurs dispose d’un espace dédié, et les autres catégories sont notamment consacrées au Fleuve Noir et à Rivière Blanche, et aux collections Gore et Trash. Sans oublier quelques billets promotionnels destinés à accompagner les publications personnelles de Zaroff et Léonox, ainsi qu’une rubrique « Interviews », qui nous a permis de donner la parole à quelques-uns de nos auteurs et autrices favoris.

 

 

Tout a été fait avec un maximum d’honnêteté et de passion pour servir au mieux les intérêts de la littérature dite « populaire ». Nous avons toujours tenté de défendre des écrivains chers à nos cœurs et des ouvrages originaux dont on ne parlait pas ailleurs – du moins pas assez à notre goût. D’où notre volonté de mettre en valeur le plus souvent possible la petite et micro-édition. Mais on ne va pas se mentir : ça n'a pas marché aussi bien qu’on le voulait – loin de là.

 

 

En presque dix ans, notre blog compte 32 000 visiteurs pour une moyenne ridicule d'à peine deux lecteurs quotidiens. Et notre page, sans doute créée trop tard, ne nous a pas permis d’accroître cette audience. Pire encore : nous avons pu constater que nous ne touchions qu’une infime partie de nos abonnés à cause des algorithmes Facebook. Les raisons de notre échec sont donc en partie techniques, mais sans doute pas seulement.

 

 

Car selon les informations dont nous disposons, il semble que la littérature que nous défendons n'intéresse plus grand-monde. Les statistiques sont têtues et les chiffres de vente aussi. Et notre équipe n’a clairement pas les moyens de lutter contre cette situation. C’est pourquoi nous avons décidé de jeter l’éponge. Fiers de cette aventure, on vous quitte avec le sentiment du travail bien fait. Ce blog restera en ligne pour laisser la consultation libre de nos archives accessible à tous. Merci à nos visiteurs fidèles, abonnés et aux lecteurs inconnus que nous avons acquis à notre cause.

 

 

 

 

Zaroff, Léonox,

Lester et Tak

Pour le Collectif ZLLT

2013 - 2022

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La peau sur les os - Richard Bachman

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Pour ceux qui l'ignoreraient encore, Richard Bachman est le pseudonyme du stakhanoviste des meilleures ventes de livres fantastiques, l'homme qui pond des pavés plus vite qu'un soixante-huitard peut en lancer, le chouchou des cinéastes, j'ai nommé Stephen King.

 

Je peux sembler assez critique à première vue, voire vachard envers l'écrivain du Maine, mais en réalité je professe une grande admiration pour le métier et la carrière du Monsieur. J'ai beaucoup aimé ses premiers romans, « Carrie » et « Shining » en particulier, et la première partie de « Ça », avant que le bouquin ne se perde dans le délayage et un final assez grotesque. Et puis les livres du King ont grossi, grossi, comme si son écriture souffrait d'obésité maladive, et je me suis éloigné de cet auteur après que « Sac d'Os » ou « Dreamcatcher » me sont tombés des mains.

 

Bref, pour paraphraser Anatole France : « La vie est trop courte, et Stephen King est trop long ».

 

On retrouve dans « La peau sur les os » la manière et le style de King sous cette couverture blanche estampillée « Suspense », aux éditions Albin-Michel, mais qu'on ne s'y trompe pas, il s'agit bien là d'un roman fantastique, avec une bonne histoire de malédiction, et la quête effrénée du héros pour la combattre.

 

L'argument de départ reste donc assez mince : un avocat à qui tout réussit souffre de ce qu'on nomme pudiquement « une surcharge pondérale ». Malgré tout, il mène une existence confortable dans une bourgade pimpante, antre de la classe moyenne supérieure yankee. On y joue au golf, on se pique le nez avec distinction, et on fréquente l'élite locale : le chef de la police, le juge, le médecin mondain et cocaïnomane... Sauf qu'un grain de sable vient gripper la belle mécanique : des Gitans arrivent en ville, et notre avocat écrase par accident une Tzigane âgée qui traversait la rue. Il faut dire que le malheureux se sentait un peu distrait, car sa femme s'affairait à lui administrer une caresse érotique manuelle alors qu'il conduisait (1).

 

Notre héros se sent tout triste d'avoir écrabouillé une vieille dame, mais il redoute aussi les conséquences sur sa carrière. Par chance, le shérif le connaît bien, et passe l'éponge sur les circonstances du drame en bâclant l'enquête. De même, le juge du coin se montre plein de mansuétude pour son concitoyen et accessoire partenaire de bamboche, et celui-ci se retrouve libre, sans même une remontrance.

 

Et c'est à ce moment que le patriarche de la troupe de nomades, un vieillard très inquiétant, jette un sort à notre avocat. Ce dernier commence alors à maigrir, jusqu'à devenir l'ombre de lui-même, passant progressivement du quintal et demi à une publicité vivante pour « Comme j'aime », avant de ressembler à un rescapé des Camps. Le reste du récit narre une course endiablée pour retrouver le vieux sorcier, et tenter de le convaincre de retirer le maléfice amaigrissant.

 

Voilà un argument pour une nouvelle un peu longue, mais pas de quoi en faire un roman. Cependant, tout l'art de Stephen King consiste à étirer le sujet sur deux-cent-cinquante pages, en continuant à capter l'attention du lecteur. On suit donc les épreuves de notre ex-obèse avec intérêt : ses efforts pour ne pas passer pour dément quand il tente de convaincre son entourage que son problème est dû à une malédiction. Ses démêlés tragi-comiques avec les médecins, son parcours à la poursuite des Gitans le long de la côte du Maine, son alliance surprenante avec un ancien client mafieux, le tout décrit dans les moindres détails, amènent l'histoire aux proportions d'un gros volume comme ceux qu'apprécient les fans du King.

 

Il ne s'agit pas là de digressions inutiles, cette fois : cette errance et cette accumulation d'anecdotes se révèlent prétextes à des réflexions sur les travers de la bonne société WASP, où la petite bourgeoisie s'avère moins digne qu'un truand, et où le fameux « mode de vie américain » se voit passé au crible d'une critique impitoyable. Avec ce roman considéré comme « mineur » dans l’œuvre de Bachman-King, on peut en fait déceler tout ce qui rend cet auteur à la fois talentueux et agaçant : lorsque l'hypertrophie dont souffrent ses livres sert une démonstration on ne peut s'empêcher de l'admirer, mais quand elle masque un manque de souffle ou d'inspiration, on en vient à souhaiter, là aussi, un sérieux régime amaigrissant !

 

(1) circonlocution la plus élégante que j'ai trouvée pour évoquer une branlette furtive.

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Canicule - Kriss Vilà

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Plaisirs mignons et autres péchés coupables : Canicule, de Kriss Vilà.

 

 

 

 

 

 

Autant le dire tout net, je n’ai pas une grande expérience en matière de littérature pornographique. Mais quand deux de mes écrivains en activité préférés se trouvent associés dans le cadre d’un roman, l’un en tant qu’auteur et l’autre en tant que directeur de collection, difficile de bouder mon plaisir. Ce qui tombe plutôt pas mal, étant donné qu’il est un peu beaucoup passionnément question de plaisir ici. Mettant à profit les derniers feux de cet été brûlant pour coller – c'est le cas de l'écrire – au mieux à l'ambiance du livre, j'ai donc lu Canicule, le dernier brûlot de Kriss Vilà, publié dans la collection « Les Nouveaux Interdits », dirigée de main de maître par Christophe Siébert. Voilà mon ressenti – à chaud, ça va de soi.

 

Premier point fort notable : l’ouvrage est très bien écrit. On sent tout de suite que l'auteur a du métier (son dircol aussi, bien sûr, mais quelque chose me dit qu'il n'a pas eu énormément de boulot à fournir sur ce manuscrit – je n’oublierai jamais cette saillie de Kriss lors du travail sur l’effroyable MurderProd : « Je fais le désespoir de mes correcteurs »). Bref, même si cette maîtrise ne constitue pas en l’occurrence une grande révélation pour moi, je me plais à penser que celles et ceux qui n’avaient encore jamais lu l’auteur avant ce livre vont être impressionnés.

 

Parce que oui, c'est impressionnant, Canicule – tout comme l'était MurderProd. Il s’agit certes d’univers très différents, aussi ce parallèle trouve-t-il assez vite ses limites, mais au fond, dans les deux bouquins les chairs sont sollicitées de façon radicale et quasi ininterrompue. Alors bien entendu, d'un côté c'est du porno-trash qui vise autant à faire dégueuler qu'à exciter, et de l'autre c'est du porno pur, mais la frontière entre les deux genres étant ténue (le Gore n’est-il pas la pornographie de l’horreur ?), j’ai trouvé plusieurs points communs entre les deux livres.

 

L'intérêt manifeste de l'auteur pour la sodomie et sa bienveillance à l'égard des travestis / gays / trans, par exemple. Et aussi ses interrogations très pertinentes à propos de la soumission, sujet complexe s'il en est. Sans oublier la question du consentement, capitale – en particulier quand comme ici les protagonistes s’adonnent à certaines pratiques extrêmes. De plus, ce n'est que la troisième fois que Christian signe un roman « Kriss Vilà » (après le mythique Sang futur et MurderProd, donc). Un tel choix ne doit rien au hasard et en dit long sur les liens entre les trois livres. Cerise sur le gâteau, dans Canicule, on a des cigarettes peu orthodoxes, une poudre blanche des plus stimulantes et du LSD dans la salade : c'est dire si on est bien chez Kriss Vilà.

 

Le seul petit bémol que j'émettrais est qu'en définitive, l'intrigue est plutôt celle d'une longue nouvelle que d'un roman : les scènes de cul prennent toute la place et les personnages ne sont qu'esquissés. Mais puisque les scènes en question sont à la fois généreuses, détaillées, variées et inventives, ce n'est pas si grave. Comme le dit avec un sens de l’à-propos proprement terrassant le directeur de l’ouvrage : « sa langue emporte le morceau sans problème, je trouve ». L'essentiel est que le cahier des charges soit respecté, et que le lectorat ne soit pas lésé. Or de mon point de vue, ce double objectif est largement atteint : avec Canicule, Kriss a donné tout ce qu'il avait. Et s'il y en a un peu plus, il nous le met quand même – avec ou sans lubrifiant.

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Le dieu sans nom - Serge Rollet

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Un petit mot, tout d'abord, sur la novella Le Dieu Sans Nom, qui donne son titre au recueil : on y retrouve bien l'univers lovecraftien, mais réactualisé et doté d'une plume sans fioritures. Le tout est efficace, inspiré et sacrément accrocheur. Mélanger l'univers des Grands Anciens aux mythes précolombiens, il fallait le faire et pourtant, une fois la lecture commencée, ça coule de source. De même pour L'Ennemi Ancien et son excellente relecture du film Predator, ainsi que la délicieuse Ombre des Docks, tout en horreur « atmosphérique ».

 

Les influences et les références sont donc nombreuses dans ces trois récits, mais l'auteur n'oublie pas d'y mettre son grain de sel personnel et se les réapproprie grâce à son style en les intégrant dans un univers qui lui est propre. Même si chaque texte permet à Serge Rollet de dévoiler une facette différente, ce triptyque inaugural en forme d’hommage au maître de Providence constitue presque un mini-recueil à lui tout seul.

 

Les nouvelles suivantes, à la fois plus courtes et plus éclectiques, offrent un panaché allant du Fantastique à la SF, en passant par d'étranges vignettes qu'il serait bien difficile de ranger dans une case ou l'autre (je pense en particulier à L'Étranger, tout à fait passionnante en dépit de sa brièveté). J'ai adoré Baphomet également, qui distille une terreur sourde, tout en proposant là encore quelques clins d’œil savoureux (Le Comte d'Erlette, Abdul Alhazred).

 

Dans un registre différent, Conte de Poivrot m'a beaucoup amusé, et un sourire d'ironie glacé s'est dessiné sur mon visage à la lecture du Grand Tirage : du grand art que de suggérer tant de choses en si peu de mots, tout en jouant la carte d'un humour délicieusement noir.

 

Quant au très « beau » (ou « désespéré », selon l'angle d'approche du lecteur) Les Quatre Saisons de l'Apocalypse, il clôture l'ensemble avec classe, apportant des motifs nouveaux à un genre post-apo dont on croyait avoir tout vu ou tout lu. Très bon choix que celui d'avoir abordé le sujet sans s'engouffrer dans le nihilisme sans bornes d'autres récits du même genre. Au contraire, il y a quelque chose de très touchant et de fragile dans la chronique de cet homme désespérément seul. D'humain, tout simplement.

 

Un très bon recueil, donc, qui démontre aussi bien le talent de l'auteur que la diversité de sa plume. Je signalerai enfin la bonne tenue de la préface rédigée par Artikel Unbekannt (auteur lui aussi, mais également directeur d’ouvrages chez Rivière Blanche), qui donne l'envie irrésistible de dévorer les pages suivantes sans en déflorer la teneur.

 

Je ne lis qu’assez rarement des recueils de nouvelles, mais avec Le Dieu Sans Nom, j'en ai eu pour mon argent : c’est vraiment du beau boulot. Mission accomplie, donc, en ce qui me concerne, avec à la clé la volonté d'approfondir l’univers de Serge Rollet. Ce qui tombe bien, car je crois qu’il a depuis lors fait paraître un nouvel ouvrage chez Rivière Blanche…

 

 

Lire la chronique de Zaroff.

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Venez voir les cadavres, Mesdames - Marie & Joseph

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C'est toujours un véritable bonheur de me plonger dans les romans de Marie & Joseph, duo composé de Corinne Bouchard et Pierre Mezinski. Je fais durer le plaisir car seulement dix polars sont parus chez Gallimard si on excepte Mississippi Delta Blues aux Éditions Calmann-Lévy.

 

Un homme se rend dans le Limousin, au carrefour de la Haute-Vienne, de la Creuse et de la Corrèze. Sa destination : un centre d'hébergement et de réinsertion sociale pour ex-toxicomanes. Le lieu nommé « Le Pâtural Chevron » est paumé au cœur des montagnes et bois touffus. Pourtant, les habitants l'ont prévenu de cette bien mauvaise idée car ce coin a connu de sales histoires à la Libération. « C'est un cul-de-sac, au bout d'une route tordue qui a traversé une forêt, plongé dans un vallon, passé une rivière, qui a remonté, remonté et qui, à force, débouche à mille mètres d'altitude, au-delà d'un bosquet de houx géants, sur une grosse baraque entourée de granges à moitié en ruine, face à une ligne de crête toute brillante de bouleaux dorés. C'est un coin où on ne va pas, le Pâtural Chevron. »

 

Il s'y rend quand même et retrouve le patron, la psychologue, le docteur, le pensionnaire Yann adepte de la radiesthésie, les deux moniteurs Bébert et Colin et d'autres patients comme Max et Marlène. L'homme se plaît aussitôt, se lève avant les autres, se prend pour un gentleman-farmer. Responsable des basses besognes, il se charge de l'extinction des luminaires, appareils ménagers sans oublier de fermer les volets et les portes dès la tombée de la nuit. C'est un bon coin où l'air est sain et la campagne majestueuse et embrumée. D'ailleurs c'est la force de Marie & Joseph ces descriptions de la nature et les sens qui s'éveillent chez un citadin sorti de son contexte. Les phrases sont soignées et le vocabulaire enrichi. Après quelques lignes, nous percevons la bruine, l'odeur des hêtres et conifères, l'écorce rose du crépuscule, environnement mélancolique presque slave.

 

Avec entrain, il se lance dans la maintenance, l'électricité à refaire et il fourmille d'idées comme remettre en état le vieux four à pain. Mais tout le monde s'en cogne sauf Max qui l'accompagne, un parano cerné par des ennemis secrets et invisibles ! On retrouve un thème récurrent chez Marie & Joseph : la fracture idéologique entre les encadrants et les exécutants. Les premiers vomissent leurs savoirs pédagogiques en citant des concepts ou citations tandis que les déclassés ressentent des besoins primaires comme bouffer, dormir, boire une bière, baiser, fumer une clope. Ça peut sembler usé mais le tout forme des intrigues sérieuses et désopilantes. La confrontation des personnages aux statuts différents rend toujours des polars originaux par un style incomparable. Quelles seront leurs réactions propres face à un événement exceptionnel qui fragmente la routine de chacun ?

 

Un soir, Dominique sort le chat et se volatilise. Toute l'équipe fait une battue avant de prévenir les gendarmes. C'est alors que le narrateur apprend que l'endroit est au cœur d'un « triangle maudit », carrefour de nombreuses disparitions dans les années 80 et toujours lorsque la neige tombe... Ce qui va se produire durant quelques jours va décontenancer les principaux protagonistes de ce roman : enregistrements suspects, ombres dans la nuit, hommes armés... et le narrateur va prendre les choses en main pour découvrir la vérité. Et tout a commencé par une vulgaire boîte de maquereaux !

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Contes de la Vodka - Pascal malosse

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Le premier texte que j'ai lu de Pascal Malosse est Ligne de Flottaison, que l'on peut trouver dans la septième anthologie annuelle de Malpertuis. Style riche et évocateur, amenant dans l'esprit du lecteur des suites d'images troubles, à la limite du vertigineux. Je m'en souviens encore, car même si ce texte n'a pas été mon favori du lot, il m'a marqué par sa plume autant que son étrangeté.

 

Quelques mois ont passé et j'ai recroisé la route de Pascal, lorsque celui-ci est venu s'inscrire sur l’Écritoire des Ombres. À l'occasion de l'un des concours du forum, il proposa un autre texte, tout aussi immersif : Le Rêve du Botaniste. Là encore, j'ai pu vérifier la qualité de sa prose, autant que sa facilité à brosser des atmosphères étranges et fascinantes. C'est après cette lecture que j'ai décidé de me procurer son recueil Contes de la Vodka, publié chez Malpertuis (décidément éditeur de goût).

 

Je le dis sans ambages : cet ouvrage fut l'une de mes lectures préférées de l'année 2019. Au point qu’il serait difficile d'énumérer toutes ses qualités ou le foisonnement d'approches de son auteur multi-facettes. Ici, il questionne notre héritage vis-à-vis des tragédies de l'Histoire récente (ou leurs singulières répercussions), là il nous montre l'absurdité de l'administration relative aux frontières présentes et passées, transformant en fantômes ceux qui ont le malheur de s'y perdre. Parfois, c'est le destin d'une nation qui se dessine à travers les charmes de gravures de mode. Chaque nouvelle est un univers, chacune avec son approche propre, ses règles, et autant de genres abordés. Car si l'on range volontiers Pascal Malosse dans la catégorie Fantastique (au sens large), il emprunte aussi bien au genre Noir, à l'Horreur psychologique ou de façon plus générale, à L’Étrange – dans le sens le plus noble et classique du terme (Maupassant et Gautier ne sont parfois pas loin).

 

Plus notable encore, j'ai adoré cette façon de jongler avec les thèmes et les affres de la psyché humaine, plutôt que de jouer sur des effets de manche faciles, comme il en est souvent la norme. Au contraire, bien que vifs dans leur rythme, les textes de Pascal Malosse prennent leur temps pour dérouler leurs atmosphères ou leur propos, avec une constante qualité d'écriture et une évidence qui pourrait être l'une de ses marques de fabrique. Une certaine tendance à l'absurde et au surréalisme colore aussi ses récits, laissant souvent au lecteur le soin d'y composer ses propres toiles ou d'y trouver un sens. Les réponses se trouvent souvent hors-cadre ou dans des débordements nous renvoyant in fine le reflet de nos sociétés modernes, à la vulgarité bête et obscène, tristement banale.

 

Ce que nous entrevoyons au fond du verre de vodka n'est que le miroir de nos propres pulsions et des troubles inconscients qui animent le cadavre d'une bête déjà à moitié morte. Ce n’est sûrement pas pour rien qu'une bonne partie des protagonistes de ces contes ont déjà un pied dans la tombe ou se laissent dévorer par la folie d'un monde qui ne sait plus de quel côté se casser la gueule. Le choix d'ancrer ces récits dans les anciens pays du bloc soviétique est d'autant plus pertinent qu'il renvoie à des notions de communautarisme exacerbé ou à des fantômes politiques continuant de hanter l'âme de ces peuples. Les obsessions paranoïaques, les traumas générationnels et autres questions identitaires trouvent ainsi un écrin parfait pour se déployer, dessinant des visions dérangeantes dans un panorama urbain gris et délavé, à l'image des monuments oubliés de l'Union.

 

Si je pourrais citer chacune des nouvelles présentes au sommaire pour souligner chacune de leurs qualités stylistiques ou thématiques, j'ai eu un coup de cœur pour certaines d'entre elles, comme Refus, ouvrant idéalement le bal dans une bizarrerie à l'arrière-goût amer ou la féroce Sortie d'Usine, pointant du doigt les dérives d'un modèle social amenant les rescapés du navire dans leur ultimes retranchements – parachevant encore une fois le propos dans une surenchère absurde et cruelle à la fois. Particulièrement jubilatoire ! J'ai tout autant été séduit par L'Immeuble Qui Voit, changeant un peu de registre pour déshabiller nos pulsions voyeuristes, mais tout aussi réussie que le reste, avec encore une fois cette plume élégante, qui sait comment choisir son rythme et ses mots pour nous immerger au mieux dans le tableau. De tableau, il en est aussi question dans l'excellente Nuits des Toiles, qui sur un thème assez classique dans le Fantastique, n'en trouve pas le moins le moyen de nous surprendre, tout en finesse.

 

Mais comme dit précédemment, je pourrais citer tous les textes, tant les idées et les différentes grilles de lectures y foisonnent, nous incitant à les lire et à les relire pour en relever toutes les petites subtilités. Et en définitive, c'est cette subtilité, cet art de la nuance, qui confère une si grande force à la plume de l'auteur : même en traitant un sujet de façon frontale, il laisse toujours la place au doute, comme s'il y avait à chaque fois plusieurs manières d'aborder le même texte. Ou d'y greffer nos propres questionnements. En cela, Pascal Malosse est un auteur averti et accompli, qui sait faire naître de sa prose un large éventail de possibilités, en très peu de mots. La marque d'un véritable talent.

 

Si la question se posait donc encore à la suite de cette chronique, n'en doutez pas : Les Contes de la Vodka est une petite merveille, un diamant finalement ciselé qui scintillera d'autant de teintes différentes que l'éclairage choisi voudra lui en donner. En ce qui me concerne, c'est une très belle découverte et je ne saurais trop vous en recommander la lecture ! (d'autant plus qu'après avoir rencontré l’auteur, je peux vous assurer qu’il est aussi talentueux qu'avenant : un vrai plaisir).

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Divin Toulouse - Luis Alfredo

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Critique « Divin Toulouse »

Luis Alfredo, éditions Cairn, collection « Du noir au sud »

 

 

 

 

Merci à Cairn Éditions de m'avoir fourni ce bon petit polar, après un contact sympathique avec l'auteur, Luis Alfredo.

 

Une chose semble certaine, c'est que l'office de tourisme de Toulouse ne s'est pas fendu d'une commande pour un livre vantant les mérites et les charmes de la « Ville Rose ». En effet, Luis Alfredo prend un malin plaisir à nous décrire une cité froide et sale, nous fait visiter un entrelacs de rues malpropres, hantées par les rats et les prostituées. On se retrouve loin de l'image d'Épinal et du cliché touristique peignant une pimpante métropole baignée de soleil et peuplée d'autochtones bienveillants, dotés d'un accent chantant. À lire Luis Alfredo, on se doute que la « Cité des violettes » ne sent pas la rose. Enfin, pas tout le temps ! Donc, et c'est l'objet de la collection, la ville joue le rôle d'un personnage à part entière, même s'il ne se présente pas sous son meilleur jour.

 

On peut se rassurer ; les différents protagonistes de cette enquête s'avèrent aussi peu reluisants que leur cadre de vie (et de mort, pour pas mal d'entre eux). Prostituées traîtresses et bourgeoises délurées, notaires faussaires, flics largués ou machiavéliques, journalistes mal embouchés, nous assistons à un défilé de personnages possédant tous un bon échantillonnage de défauts à vous faire désespérer de l'humanité. Même Juan Nadal, le « héros » détective privé de son état, ne se montre pas à son avantage : picoleur et grand fumeur, amateur de femmes fatales et faciles, il se situe loin des enquêteurs bien propres sur eux que les séries policières télévisées nous moulinent à longueur de programme. En réalité, ce détective se contente souvent de suivre le mouvement, et sa principale activité consiste à gamberger sombrement entre deux cuites, jusqu'à ce que le fin mot de l'histoire commence à émerger des différents témoignages recueillis. Nadal devient cependant de plus en plus attachant au fil du récit, du fait même de ses naïvetés, et on découvre peu à peu un personnage désabusé mais épris de justice, n'hésitant pas à donner de sa personne pour redresser quelques torts.

 

Luis Alfredo connaît bien le style « hard-boiled », initié par les grands anciens du polar américain, et il en joue avec humour et un certain détachement qui donne envie de tourner les pages pour enfin connaître le dénouement d'une intrigue qui mêle avec habileté magouilles immobilières, conflits entre notables et une certaine critique sociale.

 

En conclusion, Luis Alfredo nous livre un polar sympathique et sans prétention, jouant sur toute la gamme des conventions du genre avec l'atout notable d'offrir une vision bien particulière d'une grande métropole française.

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Lykaia - DOA

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Par-delà le bien et le mal : Lykaia, de DOA.

 

 

 

 

« Accord parental souhaitable », « Contenu explicite », « Pour lecteurs avertis », « Réservé aux adultes consentants », « Interdit aux moins de 18 ans » : si le monde de la littérature utilisait ces slogans en forme de mises en garde qu’on trouve sur certains disques ou DVD, nul doute que la couverture de Lykaia aurait pu en être intégralement recouverte.

 

Autant être clair d’emblée : ce dernier roman de DOA n’entretient guère de rapport avec son célèbre Cycle clandestin, même si les territoires explorés ici s’avèrent tout aussi dangereux. L’auteur offre en effet dans ce livre une plongée vertigineuse dans le monde trouble du BDSM – autrement dit du Bondage, Discipline, Sado-Masochisme. Un univers souvent présenté de façon caricaturale et superficielle dans certains magazines de mode en mal de glamour. Mais ce fétichisme de pacotille ne correspond qu’à la partie émergée de l’iceberg. Et ce qui intéresse DOA se trouve caché loin sous la surface, pour le plaisir des uns et la douleur des autres…

 

Dans la Grèce antique, les lykaia étaient une fête archaïque qui se déroulait sur le mont Lykaion (« la montagne du loup ») – ou mont Lycée, le plus haut sommet d'Arcadie. Il s’agissait d’un rite de passage fondé sur la pratique du cannibalisme. L’un de ses objectifs était la transformation d’un éphèbe participant à la cérémonie en loup-garou. Also sprach Wikipédia, mais pas seulement. En effet, cet épouvantable roman de DOA coche presque toutes les cases.

 

On y trouve des rites de passage, des transformations et… un loup. Un loup qui hurle à la lune à chaque fois que son passé vient le tourmenter. Un loup pour dissimuler un visage ravagé. Un loup comme une seconde peau, au point de devenir un véritable alter ego. Le Loup. C’est lui qu’on sollicite pour des interventions spéciales dans des circonstances qui ne le sont pas moins. Un loup solitaire, comme il se doit, qui trouve un semblant d’équilibre en évoluant dans des lieux interlopes où il n’est qu’un masque parmi d’autres. Mais le Loup n’en est pas moins resté homme, et sa rencontre avec la Fille va changer les règles du jeu.

 

De Berlin à Venise, en passant par Prague et le Luxembourg, DOA nous convie à une véritable descente aux enfers, et transforme le lecteur en voyeur partagé entre attraction et répulsion. Impossible en tout cas de rester de marbre face à ce catalogue ininterrompu de supplices plus ou moins consentis et de paraphilies toutes aussi déviantes les unes que les autres. De dominant à dominé, le Loup et la Fille brouillent la notion de consentement en inversant les rôles, prisonniers volontaires d’une surenchère qu’aucun des deux n’entend interrompre.

 

Les deux amants s’abandonnent ainsi, seuls ou accompagnés, à une fuite en avant frénétique, consumés par le désir, la rage et les drogues. Mais ni l’un ni l’autre ne sont aussi seuls qu’ils le voudraient. Tous deux ont un passé, dont ils n’ont pas vraiment fait table rase. Malgré leur extrême prudence, ils ont laissé des traces. Reste à savoir qui veut leur passer les menottes : entre la police et le monde du BDSM extrême, la frontière est parfois floue…

 

Lykaia n’est donc ni un Polar ni un Thriller, mais plutôt une espèce d’hybride monstrueux entre le roman noir et l’horreur pure, entre la pornographie et… la chirurgie. C’est bien simple : avec ce livre, DOA ne s’interdit absolument rien, et prend au contraire un malin plaisir à braver les pires tabous et à repousser toutes les limites. Le résultat, à situer quelque part entre les écrits les plus choquants du divin Marquis et le brutal MurderProd, de Kriss Vilà, est aussi fascinant que terrifiant. Une expérience littéraire assez unique par conséquent, que je conseillerai autant à mes amis qu’à mes ennemis – mais pas pour les mêmes raisons. Oserez-vous franchir le pas ?

 

 

 

Chronique initialement publiée dans La Tête En Noir n° 205, juillet / août 2020.

 

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Souvenirs du futur

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Sans surprise, j'ai passé un excellent moment avec cette anthologie publiée chez Les Artistes Fous Associés. « Sans surprise », car le thème des voyages dans le temps m'a toujours fasciné et je ne me lasse jamais de lire de bons récits sur le sujet. Et ça tombe bien, car le concept est décliné ici de toutes les façons possibles et imaginables.

 

En effet, s'il est question dans ce livre de voyage entre les époques, on y parle aussi de troublants paradoxes, de regards particuliers sur certaines époques (ou leur avenir) ou de visions temporelles azimutées. On croisera ainsi des textes poétiques narrant les folies du progrès (magnifique Reflets, de Milora), des thrillers SF au rythme prenant, mais aussi des réflexions sur la perception désynchronisée du temps ou leurs improbables conséquences sur une famille haute en couleurs, comme dans le surprenant Famille Décomposée de Herr Mad Doktor – qui gagne haut la main la palme du récit le plus déglingué du recueil, mais je vous rassure : dans ma bouche, c'est un joli compliment.

 

Bref, il y a du choix et tout le spectre du thème y passe : courses-poursuites, réalités alternatives, visions cosmiques délirantes et autres truculents pastiches sur fond de légionnaires romains ! Et pour compléter le volet écrit, nous avons droit, outre la superbe couverture de Cham Wahl, à de fort belles illustrations, toutes différentes pour chaque texte, ce qui donne une plus-value non négligeable à l'objet. À vrai dire, j'ai adoré la quasi-totalité des textes ici réunis, le reste n'étant qu'affaire de sensibilités. Mais pour être honnête, je dois néanmoins mentionner quelques coups de cœur :

 

-- C'est de l'Argent, de Sylvain Lamur : Probablement mon texte favori du recueil, qui s'approprie le thème de façon très originale en faisant du temps une denrée brute et commercialisable, qui amènera quelques désagréments au protagoniste principal. De la très belle ouvrage, portée par une plume au rythme impeccable !

 

-- Le Corps et la Main, de Geoff « MacReady » Barbieux : Une plongée fascinante dans un univers proto-lovecraftien aux ramures cosmiques qui épate autant par le fond de son propos que par les proportions gargantuesques de la chose. Pour rehausser le tout, l'illustration qui l'accompagne est une petite merveille, parfaitement dans le ton.

 

-- Reflets, de Milora : Déjà mentionné plus haut, mais ce texte m'a vraiment marqué, autant par la sensibilité de sa plume que pour la réflexion qu'il amène. L'approche plutôt poétique marque des points et contribue à la variété de l'ensemble : j'ai beaucoup aimé.

 

-- La Sensationnelle et Tristement Méconnue Invention de l'Ingénieur Ducycle, de Delphine Schmitz : Là encore, une petite merveille d'inventivité (c'est le cas de le dire !), portée par une plume burlesque et entraînante évoquant les effluves de cette folle époque. Jules Vernes et ses amis ne sont pas loin. Dans tous les cas, j'achète !

 

Bien sûr, tous les autres récits mériteraient d'être salués et mentionnés, que ce soit pour la qualité de leur prose ou leur propos, mais le manque de temps (« tempus fugit », c'est de circonstance) et de place m’ont conduit à faire des choix. En résumé, j'ai globalement passé un excellent moment à découvrir toutes ces nouvelles. Et d'un point de vue plus personnel et subjectif, j'ai été plus qu'honoré d'ouvrir cette anthologie, tout comme d'avoir pu bénéficier de cette magnifique illustration de Maniak, qui cerne parfaitement l'esprit du texte. Un honneur, vraiment. Merci pour cet incroyable travail !

 

Souvenirs du Futur est donc une lecture hautement recommandable pour tous les amateurs de SF ouverts d'esprit, mais pas que ! Lu et triplement approuvé, en ce qui me concerne. Et bravo encore aux cinglés du bulbe des Artistes Fous Associés, qui nous offrent là un ouvrage d'excellente qualité, dans ses choix éditoriaux comme dans la finition : chapeau bas, messieurs !

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Le fol amour de Mavis - Carter Brown

Publié le par Zaroff - Commenter cet article et avis postés :

 

 

 

 

 

Dans le rayon « hard-boiled », je suis un inconditionnel de Carter Brown (1923-1985), pseudonyme d'Alan Geoffrey Yates, né en Angleterre et naturalisé en Australie en 1948. Auteur incontournable de la célèbre Série Noire de Gallimard, son œuvre est immense avec plus de deux cents romans et une bonne cinquantaine de nouvelles à son actif. Il a consacré des séries entières avec des personnages récurrents : Al Wheeler, Danny Boyd, Rick Holman, Randy Roberts, Larry Baker... Ma préférence se tourne principalement vers Al Wheeler, lieutenant de police dans la ville fictive de Pine City en Californie. Certes, les romans de Brown semblent répétitifs et les intrigues se ressemblent toutes avec le même schéma directeur. Mais l'auteur parvient à nous embarquer par le rythme, les descriptions succinctes et la truculence des dialogues. L'essence même du roman noir populaire se trouve chez cet écrivain prolifique.

 

On va s'intéresser à un personnage féminin que l'on retrouvera dans douze histoires, la magnifique et naïve Mavis Seidlitz, assistante-secrétaire du détective Johnny Rio qu'elle aime secrètement. Mavis a un problème qui gêne ses mouvements régulièrement : les bretelles de son soutien-gorge ont la fâcheuse manie de céder lors de bagarres, de prises de catch durant ses aventures !

 

La naissance de cette blonde à la poitrine généreuse intervient en 1954 sous le titre The Killer is Kissable et publié en France en 1965 avec la traduction hasardeuse de Le fol amour de Mavis. Et les calembours avec ce prénom original seront nombreux par la suite : Mavis se dévisse, Jamais de Mavis, Mavis et le vice... Pour l'anecdote, Mavis Seidlitz rencontrera Al Wheeler dans un opus intitulé Télé-mélo (Lament for a Lousy Lover) en 1960. Après, il faut admettre que les intrigues paraissent obsolètes à notre époque et qu'elles s'empêtrent dans les toiles d'araignée. Mavis croise une agente du FBI déguisée en gouvernante, des tueurs du KGB, des traîtresses aux formes pulpeuses. Les interrogatoires ou conversations sont arrosés de whisky sec et de cigarettes. Pour cause de ressemblance avec une starlette de cinéma, Mavis est chargée de la remplacer lors d'une tournée en Angleterre. Vu que la vedette reçoit des menaces de mort, le producteur fait appel à Johnny Rio pour se charger de la sécurité de la doublure.

 

Les amateurs de romans durs, sombres et dynamiques auront tendance à se rabattre sur les œuvres de McBain, Thompson, Richard Stark ou encore Charles Williams. Même notre cher Léo Malet écrivait des romans plus secs sous pseudo à consonance américaine comme Frank Harding et son Johnny Metal... dès les années 1940. Les livres de Carter Brown sont plus légers et empreints d'une ironie sournoise et misogyne. Les femmes de Brown sont sensuelles et c'est par leur grâce féminine qu'elles aboutissent à leurs fins plutôt que par l'intellect. Du fait des critères de cette période que par irrespect, je pense. Ambiance d'une époque révolue. Romans souvent rédigés à la première personne, le style est idéal pour une lecture sans prise de tête. Comme une rafraîchissante gorgée de bière sous un soleil ardent. Avec Brown, il ne faut pas chercher plus loin. Et je l'admire pour ça.

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