Le fol amour de Mavis - Carter Brown

Publié le par Zaroff

 

 

 

 

 

Dans le rayon « hard-boiled », je suis un inconditionnel de Carter Brown (1923-1985), pseudonyme d'Alan Geoffrey Yates, né en Angleterre et naturalisé en Australie en 1948. Auteur incontournable de la célèbre Série Noire de Gallimard, son œuvre est immense avec plus de deux cents romans et une bonne cinquantaine de nouvelles à son actif. Il a consacré des séries entières avec des personnages récurrents : Al Wheeler, Danny Boyd, Rick Holman, Randy Roberts, Larry Baker... Ma préférence se tourne principalement vers Al Wheeler, lieutenant de police dans la ville fictive de Pine City en Californie. Certes, les romans de Brown semblent répétitifs et les intrigues se ressemblent toutes avec le même schéma directeur. Mais l'auteur parvient à nous embarquer par le rythme, les descriptions succinctes et la truculence des dialogues. L'essence même du roman noir populaire se trouve chez cet écrivain prolifique.

 

On va s'intéresser à un personnage féminin que l'on retrouvera dans douze histoires, la magnifique et naïve Mavis Seidlitz, assistante-secrétaire du détective Johnny Rio qu'elle aime secrètement. Mavis a un problème qui gêne ses mouvements régulièrement : les bretelles de son soutien-gorge ont la fâcheuse manie de céder lors de bagarres, de prises de catch durant ses aventures !

 

La naissance de cette blonde à la poitrine généreuse intervient en 1954 sous le titre The Killer is Kissable et publié en France en 1965 avec la traduction hasardeuse de Le fol amour de Mavis. Et les calembours avec ce prénom original seront nombreux par la suite : Mavis se dévisse, Jamais de Mavis, Mavis et le vice... Pour l'anecdote, Mavis Seidlitz rencontrera Al Wheeler dans un opus intitulé Télé-mélo (Lament for a Lousy Lover) en 1960. Après, il faut admettre que les intrigues paraissent obsolètes à notre époque et qu'elles s'empêtrent dans les toiles d'araignée. Mavis croise une agente du FBI déguisée en gouvernante, des tueurs du KGB, des traîtresses aux formes pulpeuses. Les interrogatoires ou conversations sont arrosés de whisky sec et de cigarettes. Pour cause de ressemblance avec une starlette de cinéma, Mavis est chargée de la remplacer lors d'une tournée en Angleterre. Vu que la vedette reçoit des menaces de mort, le producteur fait appel à Johnny Rio pour se charger de la sécurité de la doublure.

 

Les amateurs de romans durs, sombres et dynamiques auront tendance à se rabattre sur les œuvres de McBain, Thompson, Richard Stark ou encore Charles Williams. Même notre cher Léo Malet écrivait des romans plus secs sous pseudo à consonance américaine comme Frank Harding et son Johnny Metal... dès les années 1940. Les livres de Carter Brown sont plus légers et empreints d'une ironie sournoise et misogyne. Les femmes de Brown sont sensuelles et c'est par leur grâce féminine qu'elles aboutissent à leurs fins plutôt que par l'intellect. Du fait des critères de cette période que par irrespect, je pense. Ambiance d'une époque révolue. Romans souvent rédigés à la première personne, le style est idéal pour une lecture sans prise de tête. Comme une rafraîchissante gorgée de bière sous un soleil ardent. Avec Brown, il ne faut pas chercher plus loin. Et je l'admire pour ça.

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