Abymes / Les cavaliers de l'orage - Chris Anthem

Publié le par Zaroff

COLLECTION CHRIS ANTHEM

Voyage au bout de l’horreur…

 

 

 

 

Avant de vous faire partager mes avis, l'auteur Marc Falvo (et son double maléfique Chris Anthem) nous fait l'honneur d'exposer son projet au sein des Éditions Faute de frappe :

 

« Chris Anthem est né un soir de beuverie avec un de mes anciens éditeurs.

Voilà comment naissent la plupart des projets littéraires, en tout cas dans nos branches souterraines et interlopes… C’était en 2015. Une envie soudaine de gore, un sain geyser d’horreur et d’irrévérence qui aspergerait cet univers trop guindé, la forêt des plumitifs pompeux et pompe-l’air. Créer une identité, un épouvantail pour bousculer les frileux et les tièdes. Cavaliers de l’orage (2016) puis Terreur Terminus (2017) – à l’Atelier Mosésu donc – seront ses premiers forfaits. Hélas, la collection ne prend pas et peu de temps après, la maison Mosésu elle-même dépose le bilan. Et le sanglant Chris retrouve ses ténèbres.

 

Printemps 2020. Dans un monde confiné, l’idée émerge à nouveau. Entre-temps, j’ai largué les amarres et monté ma propre structure, Faute de frappe. Je cherche des projets qui collent à mes envies. Je me remets au turbin – à la main sur un bloc, chose qui ne m’était plus arrivée depuis des lustres – et peu à peu, un roman se dessine. Un personnage, une époque, et du noir. Du poisseux. Et du sang.

Et soudain, l’évidence : « IL » est de retour…

Tout s’enchaîne. Le premier jet d’Abymes bouclé, je replonge dans mes anciens textes, dont j’ai depuis récupéré les droits. Ça cogite collection, rythme de parution, ça défriche, ça devise. Le logo, cet ersatz de faux groupe de Métal, se peint en rouge vif.

Un volume tous les trois mois. D’abord Abymes, perclus des symptômes de notre société covidée, puis la réédition au printemps des Cavaliers de l’orage, le road-tripes originel. Suivront celle de Terreur Terminus cet été, autre voyage en forme de huis-clos lovecraftien, et L’œuf à l’automne. L’œuf, ou l’histoire de l’homme derrière le pseudonyme…

 

En 2023, on pourra compter sur Zombraderie, une invasion de morts-vivants en pleine Braderie de Lille – vive le régionalisme qui tache ! – et Léviathan (titre provisoire), une nouvelle histoire de monstres, sans compter la suite de Terreur Terminus.

 

En revanche, Chris Anthem refuse la soumission. Je reste unique auteur à la barre. Mais les éditions Faute de frappe recherchent des manuscrits, pour peu qu’ils entrent dans le domaine du polar, du thriller ou de l’imaginaire, qu’ils grattent là où ça fait mal et que leurs géniteurs acceptent de mouiller le maillot. Car l’édition indépendante, on dira ce qu’on voudra, c’est loin d’être une sinécure. »

 

 

 

 

 

Livre déroutant par l'emploi d'une narration à la deuxième personne pour la jeune femme et à la troisième personne pour les protagonistes. Ce qui accentue le sentiment d'indifférence et de vulnérabilité. Une lente descente aux enfers pour cette femme nommée Axelle échappant à une tentative de viol. Par un malheureux hasard, son agresseur s'empale sur son couteau. Axelle s'enfuit, obsédée par des doutes. Son errance dure deux jours dans une atmosphère malsaine. Tout ce qui l'entoure est déshumanisé et la pandémie renforce l'anonymat des passants masqués qu'elle croise. Des relents nostalgiques aident à comprendre le désespoir d'Axelle. Rien ne nous est épargné dans ce maelström de pensées perverses, de vengeance et de soumission aux autres. Anarchie sociale et méchanceté sournoise au sein du travail, de l'administration poussive, des collègues idiots. Tout devient insurmontable chez cette femme qui s'enfonce dans l'essence du Mal au fil des pages. Une sorte de Carnival of Souls urbain où le sexe se vautre dans le macabre. Une fuite désabusée et l'horreur se distille crescendo vers un destin fatal. L'auteur parvient à nous intégrer dans le mental d'une meurtrière et nous comprenons que sa folie n'est que l'aboutissement de sa déchéance morale et patriarcale.

 

L'instabilité, les remords, les complexes de toutes sortes... Axelle me fait penser à la monstrueuse Aileen Wuornos surnommée « La demoiselle de la mort » dont les travers sociétaux furent semblables. Couches successives de frustration qui amènent aux crimes sanglants pour expier. J'ai lu ce roman d'une seule traite et je vous conseille de faire de même ! Ce livre ne supporte pas une quelconque pause. Prenez deux heures de votre temps et pénétrez dans les ténèbres psychotiques. Belle réussite que ce roman teinté de macabre, de solitude et d'abandon de soi. Le final est judicieux et résume parfaitement le déficit émotionnel de la fugitive en détresse. En moins de deux cents pages, tout est dit et de la plus belle des façons. Une dérive morbide qui me restera en mémoire longtemps comme un récit de Robert Bloch au meilleur de sa forme.

 

 

 

 

 

 

 

Ce roman est foutrement intéressant. Un gore bien fait et idéal pour les adeptes du slasher en milieu rural. Des destins croisés de personnages frappadingues aux obsessions différentes. D'abord un trio composé d'un homme et de sa frangine accompagnée de sa copine encore mineure. De l'autre, un aubergiste ancien douanier dictant sa loi aux pécheurs fréquentant sa pension miteuse. Tout est truffé de pièges, de cloisons pivotantes, de passages secrets. Pour l'assister, les marais environnants sont dangereux et mortels. À l'inverse, le trio ne tue que pour le plaisir de décimer son prochain. Ces tueurs nés immortalisent leurs méfaits par des photographies cadrées avec soin.

 

Le thème de l'auberge maléfique a souvent été exploité. On peut penser à Psychose, Le crocodile de la mort, la famille Bender ou encore le tristement célèbre H.H Holmes, le boucher de Chicago et ses probables deux cents victimes durant l'Exposition universelle de 1893 dont l'histoire fut romancée par Robert Bloch (encore lui). Mais ce roman est à l'échelle française ! Les touristes sont observés, testés, choisis par leurs malencontreux avis politiques. Un mot de travers et la sentence intervient. Le douanier garde son auberge comme une frontière où seules les âmes charitables auront la vie sauve. Les scènes brutales sont décrites dans un style efficace et concis. Cette vision de la douche à l'acide me reste encore dans un coin du crâne comme une tumeur maligne. Lorsque tout ce petit monde se rencontre, ça donne forcément un final explosif mais pas selon vos critères habituels. Dans la tradition gore, ce livre est une parfaite représentation du vice et de la rédemption.

 

Alors, je vous l'annonce officiellement : Chris Anthem fera partie de mes prochains achats. Il me tarde de découvrir ses futures intrigues car, il faut se l'avouer, c'est très bon.

 

 

Lien pour vous procurer les deux romans !

 

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P
J'ai commandé les deux autres chez mon libraire . Un peu de retard , petit éditeur et le gars est tout seul m'a dit ma libraire .<br /> Bon samedi ...
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P
Salut les vilains .<br /> Je l'ai acheté récemment par la faute de Lekkar . Pour une prochaine lecture .<br /> Bon lundi de Pâques . :)
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L
Salut Patrick. Désolé pour la réponse tardive : je découvre tout juste ton commentaire. C'est vrai qu'avec Lekkar on se complète bien. Et qu'il y a parfois des échos. :) Merci pour ta fidélité !