Les loups-garous d'Argentine - Jérémy Wulc

Publié le par Zaroff

 

 

J'attendais beaucoup de ce premier roman de Jérémy Wulc, déjà pour son titre accrocheur. Lors du décès de son grand-père, un flic du 36 — en attente de passer en commission de discipline après une bavure grave — se charge de débarrasser la maison et de virer les meubles. En fouillant dans le grenier, il découvre un uniforme SS caché derrière une armoire ainsi que des carnets camouflés dans une cache secrète à l'intérieur d'un coffre-fort de marque Burg-Wächter. Arnaud Shimansky ne comprend pas la présence de ces vestiges de l'horreur nazie dans la maison de son aïeul. Surtout que celui-ci était un ancien rescapé des camps de la mort.

Ce roman, pourtant prometteur, ne parvient pas à nous surprendre. Encore moins le lecteur féru d'histoire. On devine assez vite le pourquoi de la chose. De plus, l'auteur dissémine des détails qui font sourire, tel le chien du défunt, un berger allemand (tant qu'à faire !) qui se nomme Bormann ! Comment ne pas penser à Martin Bormann, le conseiller d'Adolf Hitler et futur successeur désigné !!! Dans le doute de notre ignorance, l'auteur poursuit sa logique : lors des funérailles, on y croise des vieux parlant la langue de Goethe. Avouez que ça commence sérieusement à émousser le suspense...

On peut aussi être embêté par les multiples polices d'écriture et les sempiternels messages d'accueil du répondeur d'Arnaud repris plusieurs fois. De toute façon, dès l'évocation du titre, on pense à l'unité Werwolf, le IVème Reich, la survie d'Hitler et autres légendes et théories fumeuses sur la fuite des hauts dignitaires vers l'Amérique du Sud. Arnaud prolonge ses investigations en Argentine, plus précisément à Bariloche, le Tyrol argentin et lieu de passage de Eichmann ou encore Mengele pour ne citer qu'eux. Bref, rien de bien original dans ce roman.

Il vaut mieux vous rabattre sur des choix plus judicieux : le monumental « Ces garçons qui venaient du Brésil » de Ira Levin, les deux nouvelles fabuleuses de mes deux compères, « Angst » de Artikel Unbekannt-Schweinhund et « Le Berserker » de Lester L. Gore. Ces deux écrits sont efficaces et traitent le sujet avec brio pour beaucoup moins de pages. Question uchronie, on peut citer « Le Maître du Haut Château » de Philip K. Dick et « Fatherland » de Robert Harris. Dommage pour Jérémy Wulc et sa tentative avortée. Sans doute un roman idéal pour un jeune lecteur en pause estivale et qui tombe à l'eau pour un adepte du genre car ça manque cruellement de subtilité.

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