Le triomphe de la mécanique - K.H Strobl

Publié le par Zaroff

 

Voilà un exemple de littérature fantastique allemande à ne pas méconnaître. Ce recueil n'est pas une découverte car c'est ma seconde lecture de cet ouvrage passionnant paru chez Le Masque Fantastique, célèbre collection où je possède quelques bons auteurs.

Cet écrivain autrichien est né en 1877 à Iglau et décédé en 1946. Venu très tôt à la littérature, il fera paraître ses premiers textes dès le début du siècle. Ses contemporains du genre se nomment H.H Ewers, Meyrink ou encore Perutz. Son recueil le plus célèbre est Lemuria, publié en 1921. Cette édition du Masque Fantastique reprend sept nouvelles extraites de Lemuria. Les obsessions de Strobl se tournent vers l'attrait de la mort, le sang, le morbide et le macabre dans un style remarquable et ciselé.

Mon séjour au Père Lachaise inaugure ce recueil de bien belle façon. Pour gagner la somme de deux cent mille francs, un jeune homme accepte de résider dans le caveau d'une aristocrate russe durant une année pleine. Le serviteur Yvan de la défunte livre deux repas gastronomiques par jour à ce scientifique qui étudie le déclin de la matière. Au fil des jours, il constate que la luminosité nocturne a des effets secondaires sur le marbre de la sépulture.

Mon aventure avec Jonas Trom rappelle le ton et l'ambiance du Club du Suicide de R.L Stevenson. Un club des insouciants encense les jeux, les fêtes et la générosité. L'arrivée d'un curieux personnage nommé Jonas va faire bousculer l'osmose du groupe en les invitant dans une soirée orgiaque et montrer ainsi son véritable visage.

Un étudiant taciturne vient de perdre sa compagne dans Danse macabre. Ses amis le forcent à venir à une fête pour se changer les idées. On devine l'intrigue très vite mais la manière dont est amenée l'histoire permet une lecture fascinante du thème la bien-aimée qui revient hanter son amour terrestre.

La tête est sans doute mon récit préféré de ce recueil car il nous plonge durant la Révolution Française. Le corps d'un supplicié décapité garde une conscience après sa mise en terre. La tête garde une âme propre et raisonnée des évènements qui secouent la france. Il parvient à rejoindre un corps sans tête et se scinde au cou d'une femme mutilée.

Les fans de Shakespeare et de Hamlet en particulier adoreront Laërtes qui relate la vengeance d'un homme envers un comédien à la réputation magistrale dans sa façon de jouer Hamlet. Le châtiment est inéluctable et se jouera sur scène devant des spectateurs conquis.

Le petit homme qui faisait des saignées est un récit classique où le Diable s'invite dans un couvent à la place d'un médecin-chef. Même le tableau du Christ sera horrifié par sa présence.

Le triomphe de la mécanique termine ce recueil de façon parodique et humoristique. Un génial inventeur de jouets mécaniques fait l'objet d'un complot du maire pour l'empêcher d'acquérir un terrain pour la construction d'une usine. Sa vengeance sera de libérer un milliard de lapins mécaniques dans la ville pour obtenir gain de cause. La chute est une pure merveille d'inventivité dans sa simplicité.

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