Lèche-vitrines - Heptanes Fraxion

Publié le par Léonox

 

 

 

 

 

 

Lèche-vitrines : Heptanes Fraxion (2020).

 

 

 

 

 

 

Y a ces gens qui sur les réseaux passent leur temps à partager des selfies ou des photos de chats. Et y a ce mec dans mes contacts qui fait rien que de gratter le ventre du singe que j'ai dans le dos. Le genre de gars à poster sans prévenir, à l’heure de l’apéro, une vidéo d'un combat de Holly Holm. (Holly Holm, si vous la situez pas, c'est la championne d'UFC qui a envoyé Ronda Rousey au tapis en 2015 avec un headkick). Moi j'appellerais ça du traitement de choc pour mâle fragile. Mais ce type, il appelle ça de la « poésie contemporaine ». Pourquoi pas. Y en a aussi. En tout cas, ça met la barre. Et pourtant, c'est qu'une mise en (pieds) bouche.

 

Parce que deux heures plus tard, il balance un lien vers une vidéo de The Exploited. Mais pas n'importe quelle vidéo, hein. En fait un montage de cette grosse tuerie de Made in Britain, le film d'Alan Clarke dans lequel Tim Roth incarne un skinhead qui ferait passer tout le cast blanc d'American History X pour des supporters de François Bayrou foncedés à la camomille.

 

Ensuite, le gars va pioncer un coup (du moins c’est ce que je pense sur le moment). Et le lendemain il en remet une couche. Avec une citation et une image extraits de ce puits de noirceur qu’est Alack Sinner, la BD de Munoz et Sampayo. (Je sais pas si les deux volumes de l’intégrale parue en 2007 chez Casterman sont toujours dispos, mais si oui, foncez. Ҫa s’appelle L'âge de l'innocence et L'âge des désenchantements et c'est bon pour ce que vous avez).

 

Et pourquoi je vous parle de tout ça plutôt que des poèmes d’Heptanes Fraxion, moi ? Peut-être bien parce que tout ça a à voir avec la personne qu’il est, mais aussi avec ce qu’il écrit. Peut-être parce que justement, entre Alan Clarke et Alack Sinner, il pourrait y avoir un lien. Comme ce texte incroyable intitulé Rétrofuturisme, jeté par l’auteur sur son mur cette nuit-là, à l’heure où tous les chats sont gris et où ceux qui se gargarisent de leurs photos pioncent.

 

Mais Heptanes Fraxion, lui, il aime que les Chats de Mars. Et la nuit, il se situe plutôt entre chien et loup (le jour aussi, d’ailleurs). Il en profite donc pour partager des textes qui parlent de lui – un peu –, des autres – beaucoup (comme de son frère, par exemple, dont il n’a toujours pas de nouvelles) –, de zones d'ombres et de morsures – passionnément. D’errances qui le musclent. Et de Whitehouse. Et quelqu’un qui parle du groupe le plus offensif et offensant de l'histoire de la musique dans un POÈME (en majuscules, ouais), j'avais encore jamais vu.

 

Bref, comme je disais, y a ce mec qui fait rien que de gratter le ventre du singe que j'ai dans le dos. Mais si je reparle de lui aujourd'hui, c'est pas juste pour bricoler un cut-up de son mur Facebook et le mettre à la disposition de celles et ceux qui ne figurent pas parmi ses contacts. C'est surtout pour signaler que depuis le premier texte que j’avais tenté de consacrer à son travail, il a publié rien moins que trois nouveaux recueils. Oui, 3. Comme quoi il reste quand même encore dans la place quelques éditeurs qui ont à la fois du cran et du goût.

 

Mais ces éditeurs n’ont pas les moyens de réaliser de gros tirages. Du reste, les trois recueils que j’avais évoqués dans mon billet initial sont épuisés. Et à l’heure où j’écris ces lignes, il se pourrait bien que Ô, un des trois mentionnés ci-dessous, le soit aussi. Dans le doute, je préfère le signaler au cas où il traînerait encore une poignée d’exemplaires quelque part. Bref, voilà trois fois du costaud pour vous. Trois livres pour moins de trente balles. Paraît que choisir c’est renoncer. Alors pour ma part, j’ai renoncé à choisir : j’ai pris les trois.

 

 

 

 

Toujours pas de nouvelles de mon frère. 36 pages. Ni Fait Ni À Faire, 2020.

 

Ô. 36 pages. Chats de Mars, 2020.

 

Errer me muscle. 54 pages. Gros Textes, 2020.

 

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