Porcherie (Tome 2) - Christophe Siébert

Publié le par Léonox

 

 

 

Dans son jus : Porcherie, tome 2, de Christophe Siébert.

 

 

 

Après avoir initié la réédition de toutes les nouvelles de Christophe Siébert avec un premier volume début 2017, Les Crocs Électriques n’ont pas tardé à remettre le couvert, pour le plus grand plaisir des gourmands et des gourmets. Quelques mois après la sortie du tome 1 paraissait en effet une suite composée de six nouveaux textes, et ornée d’une illustration annonçant clairement des couleurs qui ne pouvaient que me plaire. En effet, difficile pour moi de rester insensible à la composition en noir, rouge et blanc de Marc Brunier Mestas… (Mais il n’est pas ici question de mes propres recueils, alors fermons sans plus attendre la parenthèse).

 

Ce tome 2 comprend donc six nouvelles. Quatre d’entre elles avaient d’abord été publiées dans la version fanzine de Porcherie en 2013. Quant aux deux autres, I am (not) Leonardo et Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard, elles ont été écrites depuis lors. Le premier de ces deux textes se présente sous la forme d’une lettre adressée au joufflu héros de Titanic. L’auteur y aborde les grandes lignes de la vie du comédien américain, et évoque en parallèle son propre parcours. Le résultat est un récit très factuel et dénué de tout jugement, dans lequel on aurait cependant tort de ne voir qu’un catalogue visant à répertorier tout ce qui sépare les deux protagonistes. Il s’agit bien d’une histoire, ainsi que l’indique une conclusion que je me garderai bien de dévoiler. Quant à l’autre inédit, il y est question de sexe – mais pas que. Parce que le sexe sans la peur, sans l’excitation qui monte, sans l’attente, sans les doutes, sans le parfum fruité d’une belle inconnue, ce ne serait pas très intéressant. Mais là on a tout ça, et on a même Jean-Jacques Goldman en guest, vous voyez à quel point c’est la fête.

 

Par certains aspects, les nouvelles de Porcherie me rappellent un peu les fameux « romans condensés » de Ballard, même si les thèmes et le rendu n’ont rien à voir. Si Ballard était influencé par la technique du cut-up de Burroughs quand il a écrit La foire aux atrocités, Christophe Siébert l’est bien davantage par le roman Noir. Néanmoins, son travail sur la forme courte m'y fait parfois penser par cette manière de raconter des histoires sans début ni fin, par l'utilisation de fragments bruts jetés à la face du lecteur, et par ces non-dits lourds de sous-entendus – le tout aboutissant à des sortes de « romans condensés », donc. Mais des romans condensés écrits à la manière de Manchette. Dans La position du tireur couché.

 

Bien entendu, il ne s’agit là que de parallèles : aux lecteurs de vérifier leur bien-fondé – ou pas. Quant à moi, puisque ce tome 2 de Porcherie ne comporte que six textes (et c’est bien là le seul reproche que je pourrais lui adresser), je ne vais pas tous les passer en revue un par un. Je préfère vous laisser le plaisir de la découverte, et conclure ce billet par une lettre ouverte à l’auteur, comme je l’avais fait pour ma chronique du tome 1. Une lettre garantie sans langue de bois écrite il y a déjà six ans, soit peu après la parution du Porcherie version fanzine :

 

« J'ai bien reçu – et lu – Porcherie le week-end dernier. Un gros défaut à signaler quand même : c'est trop court, bordel ! J'aurais eu aucun problème à verser deux fois cette somme (ridicule, rappelons-le) pour un recueil deux fois plus gros. T'avais pas d'autres textes courts en stock ? À part ce menu désagrément qui en est à peine un – mieux vaut entretenir la frustration que de se vautrer dans l'assouvissement avachi – je me suis bien régalé. Enfin, « régalé » reste une façon de parler, hein, parce que je sais que ton style est plutôt du genre qui coupe la faim. Donc merci à toi de m'avoir fait sauter quelques repas, et permis d'entretenir ma silhouette ».

 

Mais aujourd’hui, la diète n’a que trop duré. Car oui, Christophe avait d’autres textes courts en stock. Et depuis la publication de Porcherie version fanzine, il a commis un certain nombre d’inédits pas piqués des vers. Mais ça, vous le savez déjà. Car il est évident que vous n’avez pas attendu de découvrir cette chronique tardive pour vous procurer toutes affaires cessantes les tomes 3 et 4 de Porcherie qui ont été publiés par la suite. N’est-ce pas ?

 

Rappel de la chronique de Porcherie, tome 1.

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