Celui qui pourrissait - J.P Bours

Publié le par Zaroff

 

Prix Jean Ray 1977. La nouvelle éponyme relate un récit fait par un vieillard à un homme. Ils sont attablés devant un whisky. La narration ressemble forcément à Jean Ray, du moins le début car Jean-Pierre BOURS est un auteur à part, avec un style propre. Nous suivons la déchéance physique d'un jeune homme aux multiples maux (lèpre, erysipèle, eczéma, pemphigus...) en 1888. Le mythe de Jack l'Eventreur est renouvelé avec brio dans ce conte.

Procédure contradictoire est un récit très étrange. Un procès a lieu entre un magistrat et un prévenu condamné pour assassinat. Un duel mental s'installe entre les deux rivaux. Le final est époustouflant et surprend le lecteur incontestablement.

Histoire d'A (Essai d'érotisme lipogrammatique) est l'histoire d'un initié d'un Ordre secret aux rites étranges de soumission de femmes. Encore une fois, Bours nous berne sur la conclusion. Le peuple nu est une nouvelle remarquable et sans doute la plus réussie de ce recueil. Des corps écorchés vivants s'invitent à un bal masqué organisé par un anatomiste. Récit remarquable.

Par contre Le divin marquis est moins intéressant à lire. Une femme invite le Marquis de Sade à venir hanter ses nuits après une séance de spiritisme. Sans doute le récit le plus moyen du recueil. Le château des réminiscences est un conte onirique rêvé par un enfant. Récit chevaleresque et merveilleux qui rappelle le style de Seignolle.

La vérité sur la mort d'Aaron Golstein est une histoire d'apparition qui assouvit une vengeance à la place d'un autre. Évidemment le crime ne paie pas... pour le fantôme ! La mort du juste est une nouvelle fois le récit d'une vengeance terrible d'un enfant pur envers un juge sans pitié.

Entre Charybde et Scylla est une formidable épopée de sept jours d'un homme qui angoisse avant une trachéotomie. La métamorphose d'un homme en fantôme est révélée dans Aujourd'hui l'abîme.

Ce recueil unique de Jean-Pierre Bours (et quelle regrettable constatation) est un de mes préférés chez Marabout. Un choix idéal entre Thomas Owen et Jean Ray avant d'élargir sa vision du fantastique vers d'autres auteurs plus complexes. Il faut connaitre ces auteurs classifiés dans "l'école belge d'épouvante" dont Jean Ray était le chef de file incontestable.

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Z
Merci pour ta visite et pour l'info.
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F
Ce bouquin est aussi un de mes préférés dans la défunte collection Marabout. On peut toutefois noter qu'il existe une réédition aux Éditions L'arbre Vengeur (collection "L'Arbre à clous") dont la couverture est nettement moins suggestive que l'originale mais très belle également. Cette nouvelle édition bénéficie d'une préface très intéressante de Frédéric Saenen.
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