Les enfants du continent perdu - Édouard Peschard

Publié le par Lester

 

 

 

Les enfants du continent perdu

 

Édouard Peschard, chez Faralonn éditions

 

 

 

 

J'aime bien les salons du livre. Alors, lorsque j'ai appris que l'excellent Jérôme Nédélec organisait fin août dernier à Redon (56) une manifestation centrée sur les littératures de l'imaginaire intitulée « Les Mystériales » ; et qu'en outre l'événement se déroulerait dans le cadre somptueux d'un ancien cloître, je me suis rendu sur les lieux du forfait sans hésiter. Ce genre de salon fournit l'occasion de retrouver des connaissances, et surtout la possibilité d'entrer en relation avec de nouvelles têtes et de nouveaux talents. Ce fut le cas avec le très sympathique Édouard Peschard, qui s'empressa de me dédicacer le premier opus de sa trilogie. En temps normal, je ne lis pas de littérature jeunesse, étant majeur depuis peu, et me consacrant surtout à des lectures moins édulcorées. Mais Édouard sut montrer tant d'enthousiasme à l'évocation de son roman que je me laissai convaincre, et repartis avec le premier tome sous le bras.

 

Fidèle à mon habitude, je ne me livrerai pas à l'exercice facile du résumé (la quatrième de couverture s'en charge très bien), car je préfère vous donner mes impressions de lecteur. Sachez seulement qu'il s'agit d'une aventure à la fois historique et fantastique se déroulant au Moyen-Âge autour du Mont-Saint-Michel, et qui met aux prises plusieurs groupes d'enfants et de mystérieux et puissants envahisseurs bien décidés à conquérir le monde. L'action est au rendez-vous, soutenue et efficace, les chapitres brefs et bien équilibrés, si bien qu'on arrive rapidement au bout de ce court (182 pages) premier tome avec l'impression que l'histoire ne fait que commencer, et qu'on en reprendrait bien un petit peu.

 

L'auteur exerce la coupable activité de professeur d'histoire, et cela se ressent : sans jamais tomber dans le didactisme, il parvient par petite touche à susciter l'ambiance et le contexte du Mont et de Saint-Malo, et ainsi à nous propulser sans trop de difficulté dans un XIVe siècle alternatif en butte à l'agression d'une civilisation dotée d'une technologie avancée. Des notes explicatives en fin de volumes éclaircissent certains termes, et on peut penser qu'un enfant ou un jeune adolescent pourrait glaner quelques connaissances sur l'histoire médiévale à cette lecture, tout en se distrayant en suivant les péripéties de héros de son âge, accompagnés d'un mentor évoquant à la fois Merlin et Gandalf.

 

Par parenthèse, j'envie les élèves d'Édouard Peschard, car s'il mène ses cours comme il conduit son roman, ce doit être un plaisir d'user ses fonds de culotte sur les sièges de sa classe. J'aurais rêvé qu'il remplace une certaine Mademoiselle P...., en Seconde, qui autrefois réussit presque à me dégoûter de l'Histoire contemporaine en résumant l'épopée napoléonienne à une suite de statistiques économiques et de digressions oiseuses sur le fait que la guerre, c'est pas bien.

 

Refermons la parenthèse, et abordons la question du style.

 

À titre personnel, j'aurais sans doute préféré une écriture un peu plus ciselée, et parsemée de davantage de termes fleurant bon l'ancien français. Parfois, les personnages s'expriment d'une manière trop moderne pour ajouter à la vraisemblance du récit, et quelques dialogues sonnent de façon trop contemporaine pour contribuer à l'immersion dans un monde médiéval. Mais on ne doit pas perdre de vue que le texte vise un public jeune, supposé peu familier avec l'Histoire, et encore moins enclin à consulter un dictionnaire chaque fois qu'un élément de vocabulaire lui échappe. Néanmoins, je note avec satisfaction que le récit est mené au passé simple, au contraire de beaucoup de romans estampillés « jeunesse », écrits au présent comme si les adolescents s'avéraient trop stupides pour saisir les nuances des différents temps du passé !

 

En conclusion, ces « Enfants du continent perdu » se révèle un agréable court roman, où l'aventure et l'action règnent, tout en laissant la place à une discrète érudition et à une tension dramatique qui donne envie de découvrir les suites de cette trilogie.

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