Divin Toulouse - Luis Alfredo

Publié le par Lester

 

 

 

Critique « Divin Toulouse »

Luis Alfredo, éditions Cairn, collection « Du noir au sud »

 

 

 

 

Merci à Cairn Éditions de m'avoir fourni ce bon petit polar, après un contact sympathique avec l'auteur, Luis Alfredo.

 

Une chose semble certaine, c'est que l'office de tourisme de Toulouse ne s'est pas fendu d'une commande pour un livre vantant les mérites et les charmes de la « Ville Rose ». En effet, Luis Alfredo prend un malin plaisir à nous décrire une cité froide et sale, nous fait visiter un entrelacs de rues malpropres, hantées par les rats et les prostituées. On se retrouve loin de l'image d'Épinal et du cliché touristique peignant une pimpante métropole baignée de soleil et peuplée d'autochtones bienveillants, dotés d'un accent chantant. À lire Luis Alfredo, on se doute que la « Cité des violettes » ne sent pas la rose. Enfin, pas tout le temps ! Donc, et c'est l'objet de la collection, la ville joue le rôle d'un personnage à part entière, même s'il ne se présente pas sous son meilleur jour.

 

On peut se rassurer ; les différents protagonistes de cette enquête s'avèrent aussi peu reluisants que leur cadre de vie (et de mort, pour pas mal d'entre eux). Prostituées traîtresses et bourgeoises délurées, notaires faussaires, flics largués ou machiavéliques, journalistes mal embouchés, nous assistons à un défilé de personnages possédant tous un bon échantillonnage de défauts à vous faire désespérer de l'humanité. Même Juan Nadal, le « héros » détective privé de son état, ne se montre pas à son avantage : picoleur et grand fumeur, amateur de femmes fatales et faciles, il se situe loin des enquêteurs bien propres sur eux que les séries policières télévisées nous moulinent à longueur de programme. En réalité, ce détective se contente souvent de suivre le mouvement, et sa principale activité consiste à gamberger sombrement entre deux cuites, jusqu'à ce que le fin mot de l'histoire commence à émerger des différents témoignages recueillis. Nadal devient cependant de plus en plus attachant au fil du récit, du fait même de ses naïvetés, et on découvre peu à peu un personnage désabusé mais épris de justice, n'hésitant pas à donner de sa personne pour redresser quelques torts.

 

Luis Alfredo connaît bien le style « hard-boiled », initié par les grands anciens du polar américain, et il en joue avec humour et un certain détachement qui donne envie de tourner les pages pour enfin connaître le dénouement d'une intrigue qui mêle avec habileté magouilles immobilières, conflits entre notables et une certaine critique sociale.

 

En conclusion, Luis Alfredo nous livre un polar sympathique et sans prétention, jouant sur toute la gamme des conventions du genre avec l'atout notable d'offrir une vision bien particulière d'une grande métropole française.

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