Les chasses du comte Zaroff - Richard Connell
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Il était temps de rendre hommage à celui dont je dois mon pseudo : le célèbre comte Zaroff. Ce personnage culte du cinéma d'horreur a surtout pris de l'importance grâce à l'interprétation magistrale de Leslie Banks dans le film « Les chasses du comte Zaroff » des réalisateurs Schoedsack et Pichel sorti en 1932 par l'incontournable société de production RKO. Cet aristocrate et chasseur émérite qui a parcouru les endroits les plus sauvages du globe fut adapté de nombreuses fois sur divers formats dont les ¾ sont à oublier ! Surtout cette parodie galactique de 1987, « Slave Girls, les captives de l'espace » qui a au moins le mérite de nous faire marrer et de jouir de la plastique de Elizabeth Kaitan. Voir ces femmes fugitives en nuisette courir dans une jungle factice, poursuivies par deux robots aussi inexpressifs qu'une boîte de conserve périmée et d'un tyran armé d'une arbalète-laser forme un nanar de première catégorie. Le remake « A Game of Death » de 1945 de Robert Wise est de bonne facture mais n'égale pas la maestria de l'acteur cité en préambule.
Dans le grand-guignolesque, on peut citer aussi « La comtesse perverse » de Jess Franco et le soporifique « Les week-ends maléfiques du Comte Zaroff » de Michel Lemoine. Rien de bien transcendant dans les œuvres futures à se mettre en bouche. Zaroff est-il le mythe fondateur du survival ? Autant dire que la question peut diviser.
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Tout est parti d'une nouvelle de Richard Connell parue en 1924 sous le titre « The Most Dangerous Game » et que vous pouvez trouver dans l'édition « Histoires abominables » dans la collection Hitchcock présente avec la traduction de Jos Ras. Ce récit de quelques pages n'a pas la force et l'impact du film de 1932 nettement plus abouti. Ce qui est rare dans le domaine de l'adaptation pour le signaler. Ce récit a l'unique mérite de donner naissance à Zaroff qui est Général dans le texte et d'origine cosaque. Par une fausse balise, il piège les bateaux qui se fracassent sur les récifs de son île isolée. Les rescapés sont nourris avant de devenir des proies pour le chasseur que le simple gibier n'intéresse plus. Seul l'homme devient motivant à traquer pour sa ruse et son raisonnement surpassant l'instinct de survie animal. Contrairement au film des années trente, Rainsford se bat seul contre Zaroff durant trois jours. Il n'est plus accompagné par un frère et sa sœur. Équipé de vêtements de chasse, de provisions et d'un couteau, l'homme s'enfuit dans la jungle et pose des pièges. Mais Zaroff est un fin limier et évite les traquenards (si on excepte une blessure à l'épaule).
Oubliez également Leslie Banks et son arc. Dans cette nouvelle, il ne possède qu'un modeste pistolet automatique. Son serviteur Ivan est présent et sera repris dans le film, ainsi que les chiens dont nous ignorons la race. Et le final est fondamentalement différent. Dans le film, Zaroff chute d'une fenêtre de son fort et sera dévoré par la meute. Dans le récit, on sait qui gagne le duel mais par un constat implicite avec une dernière réflexion de Rainsford dans la chambre du comte. Pour une fois, un récit originel ne pose pas les bases d'un mythe mais l'élan. Seul le film de la RKO donne chair à Zaroff. Il sera brièvement évoqué dans « Zodiac » de David Fincher qui lui donne un second souffle actuel. Niveau littérature, il vaut mieux se rabattre sur « Le son du cor » pour approfondir le thème de Connell. Ce récit est remarquable, parfait et totalement maîtrisé. Désolé Richard mais Sarban fut le plus fort dans ce jeu cruel !
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