Soleil noir - Christophe Sémont
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Welcome to the jungle : Soleil noir, de Christophe Sémont.
On ne présente plus l’éditeur rennais Critic, qui vient de fêter ses dix ans. Dix ans au service d’une littérature populaire exigeante – ce qui n’a rien d’incompatible – avec une prédilection marquée pour la Science-fiction, le Fantastique et la Fantasy. Mais le domaine qui nous intéresse plus particulièrement n’est pas en reste, bien au contraire. Après l’incroyable succès de la trilogie Bleiberg, de David Khara, Critic a en effet prolongé l’expérience du Thriller, permettant par exemple à un écrivain confirmé comme Laurent Whale de s’illustrer dans un nouveau registre. Mais l’éditeur a aussi eu le grand mérite de faire confiance à plusieurs jeunes auteurs de talent. Et en lisant un roman tel que Soleil noir, on ne peut que l’en remercier.
L’intrigue de ce livre se déroule en Amérique du Sud au début des années 2000. Nous y suivons en alternance les trajectoires de plusieurs personnages très différents. A priori, rien ne semble rapprocher le policier argentin Esteban Pantoja, la serveuse bolivienne Adela Arzans et le baroudeur Antonio Valvidia. Rien, hormis peut-être la tragédie qui vient frapper de plein fouet le jeune sergent dès le début du roman. Un braquage de banque qui tourne mal, un déferlement de violence aveugle, des vies brisées. Y compris celle du survivant qu’est devenu Esteban. À partir de ce point de non-retour, le jeune flic se lance dans une traque éperdue, avec pour seuls indices une adresse en Bolivie et le curieux tatouage porté par l’homme qu’il a abattu.
En parallèle, les troubles étranges dont souffre Adela ne cessent de s’aggraver. Le docteur Zamora, qui s’occupe d’elle depuis qu’elle est petite, a beau tenter de la rassurer, rien n’y fait. Il est vrai que des médecins qui désignent leurs patients par des numéros n’inspirent qu’une confiance relative… Surtout en Amérique du Sud, où il n’est pas rare de croiser des Allemands dont il vaut sans doute mieux ignorer ce qu’ils faisaient pendant la deuxième guerre mondiale. Seulement voilà : Antonio veut savoir, lui, et il est prêt à tout pour ça. Même à continuer son enquête hors de tout cadre légal, en la poussant jusque dans les tripots les plus louches…
Pendant ce temps, une bande d’adolescents effectue en pleine jungle une découverte épouvantable. Un container abandonné, avec à l’intérieur des dizaines de corps. Quel rapport avec les recherches menées par Esteban ? Tous les cadavres arborent le même tatouage que l’homme tué par le policier lors du braquage. Un tatouage que connaît très bien le vieil Antonio, et pour cause… Grâce au précieux concours de cet allié hors pair et aux informations délivrées par son amie Amanda, Estaban va découvrir l’incroyable vérité. Toute la question est de savoir s’il arrivera à temps pour arracher Adela à l’horrible sort qui l’attend depuis son enfance…
Grâce notamment à son écriture dynamique et à son découpage au cordeau (les chapitres sont très courts, ce qui accentue l’impression de vivacité) Soleil noir se révèle donc un page-turner des plus efficaces. Doté d’un parfum de roman d’aventures qui ne gâche rien – bien au contraire –, ce Thriller de Christophe Sémont n’est par ailleurs pas sans rappeler l’excellent La traque, du non moins excellent Herbert Lieberman. Je n’en dirai pas davantage pour éviter de trop dévoiler le cœur de l’intrigue, mais un tel parallèle se suffit me semble-t-il à lui-même. Alors avis aux amateurs de Polars percutants, de jungles étouffantes et de résurgences surgies d’une époque terrible qui n’a pas encore livré tous ses secrets : ne passez pas votre chemin. Mais attention quand même, car le Soleil noir de Christophe Sémont laisse de drôles de traces sur la peau.
Chronique initialement publiée dans La Tête En Noir n° 202, janvier / février 2020.
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