Extrêmes - Kathe Koja

Publié le par Zaroff

 

 

 

 

 

Kathe Koja, des œuvres puissantes et dérangeantes peu traduites en France. Ses écrits principaux se composent de quatre romans publiés chez J'ai Lu Épouvante et ce présent recueil. Seulement. Avouez que c'est désespérant en consultant son activité littéraire toujours prolifique à ce jour. Mais il faut admettre que Koja est difficilement abordable par son style atypique et syncopé où le verbe domine souvent le sujet. On aime ou non. Toujours les extrêmes avec Koja. Beaucoup peuvent décrocher dès les premières pages car sa prose est déroutante et absorbe toute notre attention pour déceler la richesse de ses trames.

 

Bienheureux celui qui parvient à contempler l'étendue psychologique ravageuse des livres de cette autrice américaine. Bienheureux celui qui abandonne son confort de lecture pour défricher des terres inconnues. Un style unique au service de personnages à la lente déchéance, les tourments artistiques, le désœuvrement, l'impuissance et le quotidien formaté qui détruit toute volonté.

 

Au fil des prochains mois, nous évoquerons les autres romans de Koja (tel le cultissime « Brèche vers l'enfer » ) dont les fans gardent une estime indéfectible. Extrêmes, donc. Comme le titre de ce recueil de seize textes publié chez Flammarion en 2003 et merveilleusement traduit par Nathalie Serval. Koja ne ressemble à personne d'autre. Sa marque de fabrique semble indivisible, tirée d'un moule unique comme naissent et meurent les légendes. Barbarie animale dont la litanie des cochons font tomber Olson dans la folie. Son impuissance et son couple en péril le forcent à se psychanalyser face à une Barbie décapitée !!! Mais qui imagine des choses pareilles ? Koja, bien sûr ! Un impact visuel qui déroute le lecteur à jamais. Enfin, le lecteur qui s'accroche à une bouée dans une mer infestée de requins.

 

Et que dire de cet homme rescapé d'un crash d'avion qui se découvre le pouvoir de voler et d'échapper à son destin vers une liberté dans les nuages. Ou encore cette femme délaissée prenant « racine » dans son jardin face à son mari impassible. Collages d'un artiste monstrueux, fantômes aux yeux d'ange, créature difforme capturée dans un lac, étreintes avec un démon... dès la moitié du recueil, vous êtes happé par des sensations qui vous échappent. Votre cerveau vous adresse des signaux alarmants et vous gueule : « Cesse tes conneries, mec ! Regarde Netflix et laisse tomber l'affaire. Je ne comprends rien à ce que tu lis. Redeviens idiot, la paresse est plus simple ». Koja est une tortionnaire de l'esprit. Elle prouve que les femmes ont des tripes et que nous devons faire gaffe. Dans ses récits, les hommes sont faibles et torturés. Souvent dépendants de femmes fortes et socialement établies. Plus intelligentes et machiavéliques. Ce recueil est une excellente approche avant d'aborder du lourd. Du très lourd.

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