Malpertuis VII
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Bon, je ne rentrerai pas dans la critique détaillée, nouvelle par nouvelle, mais dans l'ensemble j'ai été très satisfait. D'habitude dans ce genre de recueil, on reste toujours sur un sentiment de qualité inégale, malgré quelques coups de cœur. Ici, la qualité générale est très bonne voire excellente, avec un horizon de plumes et de styles très variés... le reste n'est que du domaine de l'affect et des différentes sensibilités (eh oui, même en restant objectif et ouvert d'esprit, on ne peut pas tout aimer).
Les textes que j'ai moins appréciés : Le Chemin des Épingles de P. Bragg (ok pour le coté sentimental, mais l'impression que l'auteur est un peu passé à côté de son thème), Tu ne Tueras Point de NokomisM (thème peu original et traité de façon un peu trop classique à mon goût) et Une Larme d'Athéna de Sandrine Scardigli, qui malgré une bonne plume, m'a paru un poil trop abstrait et poétique pour récolter mes suffrages.
Les textes que j'ai adorés : eh bien... quasiment tous, à quelques nuances près.
Mention spéciale pour : Les Femelles Porteuses d'Idoles de Raphaël Boudin, qui signe une nouvelle à l'atmosphère oppressante et nébuleuse à la fois particulièrement réussie. Un pied dans l'imaginaire, l'autre dans un univers d'horreur « classique », qui m'a rappelé par certains aspects les recherches d'un certain Herbert West. Rien à voir dans le fond, nous sommes loin de HPL ici, mais cette obsession pour le corps humain (froid, de préférence) et ses possibilités m'ont un peu fait penser à la maniaquerie de ce personnage inoubliable. Naucrates Seductor de Jacques Fuentealba, où il est question d'obsession également, mais sous un jour beaucoup plus glauque. Puis d'un coup on se retrouve propulsé « ailleurs », avec un univers fantastique très loin de son postulat original (un type ramène une femme chez lui...). Quelle idée saugrenue que ces espèces de poiscailles... arf, non, je n'en dirais pas plus ! Mais où l'auteur est-il allé chercher tout ça ?
Le Club des Montagnards Pâtissiers Cynophiles de Marlène Charine : Encore une excellente idée de base, servant un récit à l'optimisme contagieux et donnant envie de croquer la vie à pleines dents, à l'image d'une bonne tarte aux pommes à peine tiédie. Des textes comme ça, j'en dévorerais à foison ! Très jolis personnages, au passage. Mortel Graffiti d'Eric Vial-Bonacci : Exploration urbaine, lieux abandonnés et une petite touche mystique : exactement le genre de thèmes qui me bottent, avec ce petit goût de d'horreur urbaine teinté de (dark) fantasy à la Barker. Bref, pas besoin d'en tartiner des pages, c'est pile poil ce que j'aime dans le format nouvelle. Concis et efficace !
Il y a encore d'autres textes que j'ai appréciés, aussi bien pour le travail sur le style (certains des auteurs ici présents ont véritablement de l'or dans les doigts) que pour certains thèmes traités de façon complètement inattendue – je pense ici par exemple à Monsieur Pourpre, d’Olivier Caruso, excellente variation sur le sujet pourtant archi rebattu du zombie... mêlé à un fond de polar porno parfaitement exécuté. Mais par manque de temps et de place, je ne citerai que deux nouvelles supplémentaires.
Grand-Père de Marie Latour : Au début je n’étais pas forcément pas convaincu par l'orientation du texte (drame sur fond d'horreur) avant que celui-ci ne dérive vers le conte. Et au final, j'ai beaucoup aimé ce mélange de cruauté et de tendresse, qui ouvre les hostilités sur une très bonne note. À Mourir de Rire d'Artikel Unbekannt : Un texte solide, entre fantasmagorie, poésie morbide et horreur intime, servi par une très belle langue (c'est le cas de le dire) aux images puissantes. Quand bien même je ne suis pas certain d’avoir saisi tous les tenants et aboutissants, j'ai été pris par ce texte du début à la fin, grâce à son riche pouvoir d'évocation. Une belle réussite et une jolie surprise tout à la fois !
Bref, j’ai été ravi de découvrir tous ces auteurs, tout autant qu'agréablement surpris par le niveau général, effectivement assez élevé. Avec le recul, je comprends mieux pourquoi les places sont si chères dans cette anthologie : vu le niveau, pas étonnant que les gens se battent pour figurer au sommaire ! De quoi être complexé par certaines plumes, certes, mais en définitive je reste surtout sur un grand plaisir de lecture : nul doute que je lirai les prochains volumes avec le même intérêt.
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