Le Dieu vampire - Jean-Christophe Chaumette

Publié le par Lester

 

 

 

 

En préambule, je préviens les amateurs de vampires adolescents entièrement sculptés dans un cure-dents, les lectrices de « Twilight », les fans de romance bourrées de beaux gosses à longues canines et les collectionneuses de bit-lit en général que ce « Dieu Vampire » n'est pas pour eux. « Fuyez ! Pauvres fous ! » comme disait l'autre barbu. !

 

Comme d'habitude, je ne résumerai pas ce livre : vous me semblez assez grands pour trouver la quatrième de couverture sur de bons sites Internet. Il vous suffit de savoir qu'il s'agit ici d'un pur roman fantastique, et que si les sentiments ne sont pas absents du récit, ils n'en constituent pas la trame essentielle. Nous nous trouvons donc confrontés à toute la noirceur du mal qui se niche dans les tréfonds de l'humanité, et les vampires dont il est question ressemblent davantage à des bourreaux argentins ou tchétchènes qu'à des éphèbes tourmentés par une crise d'adolescence compliquée par la pousse intempestive de quelques dents surnuméraires.

 

Comme à son habitude, Jean-Christophe Chaumette nous propulse dans son intrigue sans nous laisser le temps de souffler : à l'instar des meilleurs auteurs de thrillers américains, il balade le lecteur entre les montagnes de la Mongolie et les banlieues chic des Yvelines, en passant par l'île de Ré et le musée Guimet. Absorbés par un style nerveux, dépouillé, nous suivons les aventures d'une improbable équipe de traqueurs de monstres, de tueurs sadiques et sanguinaires que nous avons plaisir à détester. Car les adversaires de nos héros malgré eux ne dorment pas dans des cercueils, en attendant l'heure nocturne d'aller séduire de belles innocentes avant de les laisser exsangues, comme dans toute histoire vampirique qui se respecte. Ce sont plutôt des bourreaux humains de la pire espèce, de ceux qui ont terrorisé les peuples dans le monde entier et de tous les temps, du Chili au Rwanda et au Cambodge, et des roitelets assyriens à Hitler et Staline, en passant par Gengis Khan et Vlad l'Empaleur.

 

Jean-Christophe Chaumette renouvelle et modernise un mythe ancien, bouleverse les règles et introduit des éléments scientifiques, voire science-fictionnels pour dépoussiérer un thème qui ronronnait depuis trop longtemps entre le gore de cinéma fauché et la romance pour adolescentes victimes de poussées hormonales. On retrouve dans cette façon de raconter ce qui est devenu la marque de fabrique de cet auteur, qui ne se contente pas des étiquettes éditoriales accolées à des « genres » précis. Car ce « Dieu Vampire » pourrait aussi bien se retrouver classé dans la catégorie « Science-fiction », aux côtés, par exemple, des « Vampires de l'Espace » de Colin Wilson. Avec sa rigueur scientifique (il exerce la profession de vétérinaire, comme son héroïne) Chaumette dépeint une aventure où rien ne s'avère surnaturel, hormis l'hypothèse de départ : si on oublie celle-ci, aucun des événements décrits ne viole les lois de la nature, ni celles de la science. On peut juste affirmer que l'auteur spécule et lâche la bride à son imagination, mais à aucun moment l'action ne devient invraisemblable, ou grotesque, et notre incrédulité reste suspendue jusqu'à la dernière page, et continue à alimenter l'imaginaire une fois le volume refermé.

 

« Le Dieu Vampire » s'avère donc un excellent livre au suspense constant, habité par des personnages attachants, et animé par une action quasi ininterrompue. Mais surtout, il se pose comme l' un de ces ouvrages inclassables qui laissent une impression durable, et finalement, ils ne sont pas si nombreux que ça dans le domaine des littératures de genre.

 

Maintenant, si vous voulez en savoir davantage sur Jean-Christophe Chaumette, sur sa carrière, ses inspirations et sa façon de travailler, je vous conseille de rester fidèles au blog du Collectif : nous avons en effet soumis Jean-Christophe à la question, façon Torquemada, bien sûr, et il a tout déballé ! Compte-rendu détaillé la semaine prochaine, si vous êtes bien sages !

Commenter cet article

C
Merci pour la découverte, il a l'air bien ! surtout que j'aime pas du tout tout ce qui est bit-lit etc... <br /> Bonne journée !
Répondre