Transfusion - Anthologie

« Transfusion », un petit recueil sang pour sang fantastique.
J'adore les anthologies. Et je déplore que les « grands » éditeurs se montrent de plus en plus frileux à en proposer, au prétexte sournois que les lecteurs préfèrent s'infliger de longues (interminables ?) séries, mais je les soupçonne de plutôt penser à leur marge bénéficiaire, et à l'aspect pratique : préparer une anthologie représente beaucoup d'auteurs à gérer, beaucoup de textes différents à lire, donc plus de travail éditorial. Pourtant, ouvrir un recueil de courtes histoires, c'est franchir le seuil d'une foule de mondes et de styles variés, et c'est aussi l'occasion de retrouver de vieilles connaissances, et d'en rencontrer de nouvelles. Je préfère piocher dans un buffet diversifié, alterner le suave et le pimenté, me laisser surprendre par une saveur inédite, au risque, parfois, de me retrouver écœuré par un goût qui, décidément, n'est pas pour moi, plutôt que de me contenter de la grosse bouffe industrielle et sans surprise concoctée par les fabricants de « sagas » au kilomètre qui se contentent de (mal) copier les valeurs sûres que sont Tolkien, Howard, Herbert et quelques autres.
Alors, je me suis réjoui quand j'ai trouvé dans ma boîte aux lettres l'anthologie « Transfusion », parue aux Éditions des Tourments, qui regroupe six nouvelles d'autant de jeunes auteurs, toutes écrites à quatre mains en collaboration avec le maître d’œuvre de l'ouvrage, Davy Artero. En outre, le recueil comporte un prologue et une conclusion, afin de donner une explication et une cohésion au projet.
« Transfusion » aborde des thèmes classiques du fantastique et de l'épouvante : nécromancie (« Idem » de Davy Mourier) vampirisme (« Un grand cru » de Manon Guenot) morts-vivants et zombies (« Un passager » de Salomon de Izarra et « Douce Julia » de notre vieille connaissance Alexandre Ratel) cannibalisme (« Bon marché » de Gary Laski, sans doute mon histoire préférée de ce recueil) et fin du monde avec hommage à Lovecraft (« Murderage Town » de Jean-Christophe Malevil). Un esprit chagrin pourrait trouver que ces nouvelles sont un petit peu trop classiques, justement, et qu'elles représentent une forme de surnaturel bien éloignée des productions actuelles placées sous le signe de l'urban-fantasy et autres fantaisies plus ou moins héroïques. En lisant ces petits récits, j'ai plutôt ressenti pour ma part l'agréable impression de renouer avec les sensations éprouvées avec des collections comme « Territoires de l'Inquiétude » : un agréable mélange de nouvelles pour tous les goûts, dans une optique classique.
Bien sûr, tout n'est pas parfait, dans ce bas monde, et surtout dans celui de la petite édition. Il est vrai que certains thèmes évoqués sont très rebattus (le vampirisme, par exemple) et qu'aucune des six nouvelles n'apporte de réelle surprise. Le recueil est très court, aussi, et peut laisser l'impression de rester sur sa faim. Et puis, le travail éditorial laisse un peu à désirer sur certains textes : quelques maladresses, quelques coquilles restantes donnent à penser que des relectures plus rigoureuses auraient été nécessaires, mais l'ensemble du recueil reste un moment de lecture agréable, et je garderai désormais un œil sur les parutions des Éditions des Tourments.
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