Night Stalker, vu par steve Martins

Publié le par Zaroff

 

"J'ai toujours adoré le style sec et sans concessions de Zaroff.

Même à l'époque où ses récits se montraient peut-être moins crûs, il y a toujours eu quelque chose de viscéral et sans concessions dans ses textes. Un profond mépris pour les conventions bien normées, ainsi que ce rapport de force qu'il ne peut s'empêcher d'installer dans les rapports humains (qui rendent toujours ses phases de dialogues, notamment, des plus savoureuses). Probablement parce qu'il a très vite cerné que dans cette société, il fallait écraser et broyer son prochain pour ne pas se retrouver sous son talon.

"Sans surprise" (je le mets entre guillemets, parce que ce Night Stalker réserve tout de même son lot de réjouissantes surprises), j'ai retrouvé ici tous ces éléments, portés par un récit efficace et complètement décomplexé. Je n'avais jamais lu du Zaroff long (en bouche) jusque-là et c'est bien dommage, car le bougre est sacrément à l'aise sur ce format. Il ne se prive de rien, d'aucune limite, d'aucune transgression, pour aller jusqu'au bout de sa logique, tout en nous servant une intrigue au cordeau. Aucune fioriture : l'intrigue rentre direct dans le lard et chaque chapitre s'insère naturellement dans cette traque au serial-killer, complètement allumée et excessive à chaque instant. Les personnages sont parfaitement campés, sortes de stéréotypes vivants, renforçant l'impression de se trouver devant un thriller sulfureux et craspec' du genre Hollywood Nights (en 10x plus méchant, quand même). Aucun personnage n'est épargné par la folie ambiante — si ce n'est peut-être le shériff ou l'agent du FBI, très propre sur lui et dont le travail d'investigation force le respect. Tout comme le travail de documentation, d'ailleurs, qui dénote pas mal de recherches sur les lieux et la culture populaire des années 80, bien qu'une bonne part semble provenir de références perso — AC/DC et Stephen King ? Ben oui, il connait son affaire, le lascar !

Et d'un point de vue personnel, même si je n'ai jamais accroché plus que ça au récit policier/polar, je dois dire que tout l'aspect "enquête" de l'histoire est passionnant à suivre, avec beaucoup de références sur les différentes méthodes d'investigation, à une époque notamment où l'aide aux outils informatiques était tout à fait nouvelle pour ces agents de terrain. Et je trouve que tout cela est retranscrit dans ces pages avec brio !

Au niveau des personnages, j'ai eu un petit faible pour le Scato et j'ai presque regretté qu'il ait disparu si vite : je trouve qu'il ajoutait une petite touche de sordide supplémentaire à l'ensemble. Mais entre le bleu couard aux hormones incontrôlables, le maire libidineux et ce taré de Night Stalker, il y a déjà de quoi faire !
Je ne reviendrais pas sur la mise en scène des meurtres et autres atrocités : c'est violent, souvent dégueulasse et sans morale et ça n'en rend le psychopathe que plus effrayant encore. De ce côté, rien à dire, c'est du tout bon. Le fait que les événements soient tirés de faits réels rend ses actes plus glaçants encore, mais Zaroff n'a pas eu besoin de ça pour faire monter la sauce : il a ce talent inné du peintre sachant brosser les différentes nuances de folies ou de déviances d'un coup de pinceau nonchalant, entre deux coups de boule bien sentis. Et j'ai retrouvé ici tout ce qui fait la force de sa plume, avec une construction parfaitement maîtrisée (j'ai beaucoup aimé notamment le leitmotiv des paroles de Night Prowler, offrant une cohérence implacable à la trame et aux agissements du tueur).
Honnêtement, j'étais tellement pris dedans que je l'emmenais au boulot pour dévorer les chapitres à chaque pause — et de mémoire récente, ça doit être le bouquin que j'ai lu le plus vite ces dernières années, entre 3 et 4 jours maxi (un record pour moi).

Bref, un sacré bon moment de lecture barrée et assumée jusqu'aux bout des ongles. Jusqu'à cet épilogue bien senti, qui boucle la boucle sur une vilaine note d'intention : une fin ouverte comme je les adore ! Lu, approuvé et certifié, donc."
 

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