Enfer vertical en approche rapide - Serge Brussolo

David est un prisonnier condamné à perpétuité. Il se fond dans un mutisme volontaire, ne souhaitant pas partager les conversations pour se sauvegarder. En file indienne avec d'autres détenus, il descend un gouffre, entouré de gardiens à casques chromés. Le lieu : la prison de Shaka-Kandarec. Mais ce n'est pas une prison comme les autres. Les prisonniers serviront à la recherche scientifique pour éprouver leurs réflexes de survie. En bas du cratère, une vaste cave souterraine dont le centre est occupé par une gigantesque tour percée de hublots. Son diamètre est cerné par de la boue. Les gardes laissent les détenus à leur sort et fuient. Une voix impersonnelle crachée par des enceintes prend le relais. Elle précise que chaque étage du cylindre sera l'occasion d'une expérience pour accéder au niveau suivant. La première porte à la base de la tour s'ouvrira à l'aube durant une heure. Celui qui décidera de ne pas entrer sera livré à la faim et à la soif. Seul la tour dispensera de la nourriture par le biais d'un distributeur qui délivrera des repas personnalisés et quotidiens selon les besoins physiologiques respectifs.
Sur la face dorsale de la machine se trouve un réduit d'évacuation hygiénique, cabinet de toilette entièrement automatisé et, sur la face droite, un cercueil à désintégration instantanée pour y mettre les futurs cadavres. Ce cube monté sur chenilles et véritable enfer vertical va éprouver les prisonniers par ses caprices, ses tortures mentales et ses manigances. Pour avoir leur ration de pâte nutritive, les cobayes devront apposer leur pouce droit sur un bouton. Quitte à se faire brûler l'épiderme et d'avoir un pouce infecté ou gangrené. Et le distributeur d'acier est un vicelard : nourriture sans apport calorique, jeûne forcé, guillotine à phalanges... les souffrances seront variées. Certains tenteront de faire basculer le cube et se feront embrocher par des sabres, d'autres aduleront ce totem dispensateur de vie et de mort. On retrouve ce culte d'un distributeur dans Les fœtus d'acier par exemple.
Et la volonté de David Sarella va s'effriter au cours des épreuves. Et lorsque le cube lui propose de s'évader, le doute va envahir toute sa raison. Ce roman paru en 1985 avait une version amputée au début et à la fin. Et ça se fait sentir à la fin de la lecture. C'est un bouquin puissant et pessimiste, mais on reste sur un goût d'inachevé. Ce sera rétabli dans une nouvelle version publiée en 2004 chez Vauvenargues, sous le titre Enfer vertical. On saura tout sur l'enfance de David et les raisons de son incarcération dans ce donjon dantesque. Et son épilogue rendra une conclusion qui manque cruellement dans la première version.
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