Paranoïa - Christophe Siébert

Publié le par Zaroff

 

Je vous préviens de suite, ce bouquin est une chienlit à résumer ! Siébert n'a jamais été aussi loin dans le nihilisme social et autant repoussé les frontières de la réalité crue. Et on sent que l'auteur aime perdre son lecteur en lui balançant de nombreux personnages avec leurs destins inéluctables. On chute vite dans un marigot halluciné où folie et fatalisme composent un opéra post-apo agrémenté d'une ambiance « Soleil Vert » (révisez vos classiques, les amis) et d'un soupçon de « Invasion Los Angeles ».

Siébert va au bout de sa pensée en décrivant des protagonistes que la vie a meurtri, aux instincts reptiliens sous fond de complot mondial et de disparitions de corps. Ajoutons à toute cette dégueulasserie, un fanatisme empreint de pestilence lovecraftienne, de miasmes de mort (encore un indice...) et d'entomologie urbaine omnisciente. Car les insectes deviennent le miroir de notre désarroi à fuir un quotidien perverti par le doute, l'absence et l’écœurement.

C'est un bouquin sombre, dérangeant, labyrinthique et universel. Mais ses fondations et influences ne plairont pas au vulgum pecus. Siébert n'est pas là pour plaire, ni pour déranger. Uniquement pour nous confronter à nous-mêmes. Il faut lire ce bouquin dans son ensemble pour en saisir toutes les subtilités, l'effroi et le vide de nos existences. Lire Siébert, c'est livrer un combat individuel dans le tourbillon de notre passage sur Terre. C'est du Céline forniquant avec K. Dick.

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