Trash et style
Cette série d’articles était censée s’arrêter avec le précédent. Cependant, il semble que ces billets n’ont pas été jugés intéressants par certains, si j’en crois les quelques retours obtenus. Et comme je suis un garçon bien élevé, j’ai pour habitude de répondre quand on me parle. Surtout quand j’estime que le discours de mon interlocuteur est pertinent. Alors merci à mes camarades de L’Écritoire Des Ombres, sans lesquels ce qui suit n’aurait pas existé.
L’un d’entre eux a émis, entre autres observations fondées, certaines remarques quant au style (très) voyant et aux jeux de mots (trop) fréquents dans Bloodfist. Et il a bien fait. Ainsi que je le disais dans un précédent article, ce sont là deux aspects sur lesquels le chien-porc devra travailler si d'aventure je décide de le faire ressortir de sa niche-bauge. Les avis au sujet de mon bouquin ont précisément été partagés pour ces raisons-là. Mais on ne s’attendait pas non plus à faire l’unanimité en proposant un roman de ce genre.
Et puis, les polémiques, quand on a choisi un pseudo comme Schweinhund et qu'on écrit pour TRASH Éditions, j'ai envie de dire qu'il vaut mieux savoir y faire face. Je n'ai donc aucun problème avec ça. Au contraire, je pense que tout ce qui fait parler de la collection est bon à prendre. Et j'adore échanger avec nos lecteurs, en particulier avec ceux qui prennent la peine de développer des avis aussi objectifs que constructifs. D’autant plus quand lesdits avis, malgré quelques bémols, contiennent le mot « virtuose » et se concluent par « bravo ».
Cela étant, comme cette intéressante question du style continue à faire débat et, tel un serpent de mer taquin, refait souvent surface, voilà quelques précisions complémentaires. Nécrorian avait dit que nos trois premiers romans étaient « trop bien écrits ». Mais cette phrase visait sans doute plus particulièrement le mien, qu'il avait estimé « très difficile à juger ». Ce que je conçois fort bien. En effet, la grille de lecture appliquée par le Maître avait été celle de la littérature dite « populaire ». Je crois donc qu'il faut comprendre ce « trop bien écrit » comme « trop bien écrit pour une forme de littérature qui vise avant tout l’immédiateté ».
Peut-être avions-nous aussi insisté trop lourdement sur notre filiation avec la collection Gore, alors qu'elle n'était pas notre seule influence, loin s'en faut. Dès lors, Nécrorian s'attendait sans doute davantage à un prolongement, plutôt qu'à une variation très libre sur le thème. Il a par conséquent été un peu surpris, et s'est senti plus à l'aise avec le roman de Zaroff, qui répondait mieux selon lui aux canons du genre. Et il avait tout à fait raison sur ce point. Il n'en reste pas moins que Bloodfist peut, malgré sa forme un peu « bizarre », être considéré comme une sorte de Polar malsain, ce qu'il est en partie, d'ailleurs. Mais même dans ce cas, on en revient aux propos d'origine : un bon Polar doit être fluide, et sa lecture ne doit pas être hachée.
En conclusion, si je suis vraiment heureux que mes expériences formelles aient rencontré quelques échos positifs, je le suis tout autant quand je constate que ces tentatives n'ont pas nui au rythme de la lecture. En effet, si j'entendais bien proposer un roman inconfortable, je ne voulais pas pour autant qu'il en devienne désagréable à lire. Difficile de trouver le juste équilibre. Certes, je tiens à satisfaire ceux pour qui le style est essentiel, mais je ne veux pas non plus ne m'adresser qu'à eux et perdre une partie du lectorat en cours de route. Là se trouvera le principal enjeu de mon éventuel deuxième roman. Car même si j’ai longtemps considéré le Schweinhund comme un « one shot », j’ai signé depuis Bloodfist quelques bricoles sous ce pseudo. Alors peut-être qu’il y en aura d’autres…
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