Greta - Catherine Robert

Publié le par Zaroff

 

Une prison dans le désert. Un lieu hors du monde et inhumain. Greta a accepté d'y travailler. Pour son malheur. Car après avoir craqué, elle passe de l'autre côté. Celui des détenus. Et son calvaire ne fait que commencer.

C'est un réel bonheur de chroniquer (enfin) le premier roman de ma copine Catherine. Je la connais depuis dix ans (sur le défunt Manoir du Fantastique) et j'ai suivi sa création littéraire depuis le début, notamment de la poésie. Puis TRASH a trouvé le talent enfoui de cette auteure. Elle a exprimé ses pulsions les plus perverses pour nous écrire un bouquin remarquable et dérangeant. Le lieu est simple et dénué de repères : un désert. On ne sait pas où. Une prison en son sein. Puis une femme, Greta, qui a accepté le statut d'une gardienne, en ayant abandonné son ancienne vie et ses enfants. Son rôle est de martyriser des détenus, de les soumettre à des sévices sexuels. Puis elle craque un jour. Elle devient un matricule comme les autres. De bourreau, elle passe dans le rang des prisonnières.

Les jours tombent dans une routine de tortures innommables, de châtiments corporels. Tout est exprimé avec une rage sourde et on souffre avec Greta. Cette lente déshumanisation fait froid dans le dos. Rien n'est épargné et le souffle lyrique de l'auteure nous emporte dans une valse sauvage et sordide. Ceci nous rappelle la perversité des camps de la mort où l'humain n'est plus qu'une enveloppe vide. On devine aussitôt que les fantômes de Greta l'emporteront vers un destin implacable et fataliste.

C'est un bouquin merveilleux, digne d'un 1984 et sa salle 101. On peut également y voir certains accents d'un Enfer vertical de Brussolo. Cette non-existence rappelle que l'homme peut être un redoutable prédateur envers ses semblables et que cette radicalité engrange des monstres. Et jamais Catherine Robert n'a été aussi proche d'un George Orwell qu'en prouvant que "La liberté, c'est l'esclavage". Soumission-Déni-Acceptation. Les visions freudiennes ectoplasmiques délivrent Greta. C'est la force obscure de ce livre si on sait lire entre les lignes. Catherine, je te tire mon chapeau, car tu m'as ému.

Commenter cet article

C
C'est une superbe chronique Zaroff. Qui me touche beaucoup.<br /> Merci. D'autant plus merci que sans l'écritoire, Greta n'aurait jamais connu vie. Et l'écritoire sans toi n'aurait jamais existé.
Répondre