Bloodfist par Cancereugène
Cancereugène est un grand amateur de littérature horrifique. Il ne se contente d’ailleurs pas d’en lire, car après un premier texte publié dans Dimension TRASH, il figurera bientôt au sommaire du tome 2 de l’anthologie Morts Dents Lames. S’il qualifie sa critique de Bloodfist d’ « étrange », je la trouve pour ma part très honnête et remarquablement argumentée.
Je suis totalement client des bouquins de chez Trash Editions. La collection « Gore » dont elle s'inspire, fait partie de mon adolescence, j'en ai fait acheter des dizaines par mes parents (j'avais quinze ans, impossible pour moi de payer avec mon fric, je n'en avais pas !) Je me suis bâfré avec des trucs impensables, parfois surfaits, bancals, souvent bourrés de clichés, drôles - en tout cas, j'ai en mémoire le souvenir de bouquins pas compliqués à lire, sans ambitions stylistiques particulières, faciles à ingérer en quelques heures... J'ai lu les ouvrages de la collection Trash du premier au dernier dans l'ordre, comme un bon élève !
Ce Bloodfist de Schweinhund, opus n° 3, n'est pas mon préféré de la collection. Ce n'est pas non plus le « pire »... J'ai mis du temps à me plonger véritablement dedans. Il m'a paru moins « fluide » que les autres. Le style hyper travaillé et l'intrigue, étrange, m'ont paru assez hermétiques. J'ai l'impression qu'il est trop bien écrit. Étrange critique, j'en conviens. Cela peut paraître injuste, de donner l'impression de « reprocher » une trop belle écriture à un auteur. Et en effet, s'il s'agissait d'en faire un vrai reproche, je me sentirais mal d'avoir proféré telle infamie. Mais il ne s'agit pas d'un reproche, juste d'un constat.
Dans mon idée, un roman de collection gore ou trash doit procurer un plaisir immédiat, ou presque. Le travail effectué ici m'a un peu laissé en dehors, et j'ai dû redoubler d'efforts pour m'y plonger vraiment. Depuis, je l'ai lu une seconde fois, je dis ça pour démontrer qu'il n'y aucun rejet ! Disons qu'il faut s'accrocher. Les formules de style mangent souvent l'intrigue, elle-même assez bizarre, labyrinthique. Ce qui m'a le plus surpris et ralenti dans ma lecture, ce sont les jeux de mots. Il y en a trop à mon goût. Je reconnais leur virtuosité, elle ne fait aucun doute... mais j'ai dû m'accrocher, parfois, pour rester dans le rythme.
Exemple : "Dans la forme j'allai vers lui, mais dans le fond, il y a des tiroirs. Un double-fond, donc, et les tréfonds de mes bas-fonds sont l'alchimie de mon malaise". C'est dans la forme particulièrement bon, c'est parfait pour un exercice littéraire, mais dans le cadre d'un roman "immédiat", cela me paraît trop ambitieux. Lors d'une présentation de cette collection, au forum d'Angers, l'un des auteurs a qualifié la nature des romans de la collection Trash de "romans de gare" – terme sans doute trop générique pour ce style de littérature. Mais Bloodfist, par son style, son approche intellectuelle et graphique de l'horreur, ne peut décidément pas être considéré comme un roman de gare.
Je pense au final être trop fainéant pour apprécier à sa juste valeur cette œuvre complexe. La plupart des Gore ou des Trash me paraissent davantage récréatifs et ludiques... voire « classiques » et c'est sans doute ce que je pensais trouver en entamant ma plongée dans Trash. J'aime beaucoup cette collection, je l'ai dit, le niveau d'écriture, les excès, les histoires souvent bien barrées, font mon régal... Et maintenant que je pense avoir compris la ligne éditoriale, qui me semble bien différente de celle de la collection « Gore », je réalise que ce Bloodfist est tout à fait à sa place dans cette collection. Alors je ne souhaite qu'une chose : que Schweinhund se remette au boulot !
Commenter cet article