Décharges - Jean Viluber
Ouh la claque ! L'atmosphère de ce roman est formidable. Du G.J Arnaud sous ectasy. Le style de l'auteur est parfait, presque académique. Winburg, petite ville allemande nichée entre le fleuve Elver et les usines chimiques. Dans ce trou, deux personnages survivent à leur façon. Maus, un jeune homme à faciès de rat, croupit dans une décharge. Pas loin des détritus, une vieille habite dans une baraque où s'entasse tout un bordel dans des pièces closes et labyrinthiques. C'est Mémé Poubelles, Salomé de son prénom. Dans cet univers glauque et poisseux, un gamin nommé Peter est confronté à la violence familiale, entre un beau-père taré et un demi-frère violeur. Sa mère se fait tabasser et épiler les poils du cul tandis que le demi-frère aime racoler des gonzesses jeunes et timides pour les menotter au radiateur. Tout ceci sent le foutre et la vinasse.
Il ne faut pas oublier le gardien de la décharge (qui devient un zombie psychopathe), la patronne perverse et bourgeoise de la boulangerie (dont la principale activité est de de faire trimer la mère de Peter), les services sociaux qui tentent de mettre Salomé dans un hospice pour récupérer son terrain et d'en faire un parking et le fantôme du mari de Salomé.
Tout ce beau monde va mêler ces existences perdues et décomposées dans un climat social misérable et désespéré. À travers les séquences macabres, l'amitié entre Salomé et Peter est une bouffée d'espoir. Ce bouquin est remarquablement écrit et l'illustration de couverture est de haute volée. Je peux affirmer, sans me tromper, que Viluber fut le Balzac du Gore.
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