Le village des ténèbres - David Coulon
Ce nouveau roman de David Coulon paru début avril 2015, coup de cœur de Franck Thilliez pour le prix du polar VSD, est un thriller déroutant. Certaines scènes sont terrifiantes, glaçantes et pourront dérouter le lecteur habitué à un traitement habituel, une intrigue conformiste. Coulon insuffle un rythme moins consensuel en parsemant son récit de nombreuses variations introspectives, de sensations désagréables, de renoncement et d’espoir. Aussitôt, j’ai pensé au style utilisé par Jack Ketchum, notamment pour le remarquable « Morte saison » et sa vivacité dans l’horreur.
Autant David Coulon possédait une verve simenonienne dans son premier roman, autant il change complètement de caractère dans ce nouvel ouvrage. C’est plus dur, plus rugueux, plus désespéré et plus sombre. Sorte de survival montagnard où nous suivons principalement les destinées de trois personnages : un commercial cassé, un jeune gendarme et sa petite amie. Le lieu, un village perdu et craint. Le mobile, des disparitions mystérieuses. Le gendarme part enquêter, le commercial vient signer un contrat de vente et la petite amie vient retrouver son amoureux. Ils vont se perdre dans un cauchemar innommable.
David Coulon prouve qu’il possède plusieurs cordes à son arc. Il prend le risque d’indisposer le lecteur en écrivant autre chose que le thriller commun. D’ailleurs, Thilliez ne s’y est pas trompé et c’est un signe ! Si j’avais un reproche à faire, c’est la narration un peu répétitive dans la deuxième partie. Mais tout ceci s’efface devant les effets insoutenables et presque surréalistes (Brussolo n’est pas loin) que l’auteur nous jette en pleine face. Pour faire simple, David Coulon est le Jack Ketchum français et j’estime qu’il nous surprendra encore dans les prochaines années. On sent que l’auteur est évolutif, qu’il se remet en question, qu’il pose les tripes sur la table et que rien n’est joué chez cet écrivain.
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