Deux premières chroniques...
Deux premiers avis très positifs de Night Stalker. Merci à eux.
David "Vidéotopsie" Didelot :
"Pour clore cette deuxième livraison "Trash", le mystérieux Zaroff nous envoyait à la face l’excellent "Night Stalker", dont la couverture et le titre ne laissaient pas d'intriguer : "Night Stalker" ? La silhouette filiforme d’un mec habillé de noir ? La casquette AC/ DC vissée sur la tête ? Une nana dépoilée salement poignardée au premier plan, un pentagramme dessiné dans le creux de la main ?... Pour écrire ce sixième "Trash", Zaroff aurait-il utilisé la figure trop réelle de Richard Ramirez, tueur en série qui, au milieu des années 80, officia en Californie en massacrant et/ou violant une quinzaine de personnes ? Eh oui justement. Exploitant là le motif ô combien rabâché du serial killer frappadingue (rappelons-nous les forfaits de Nécrorian dans la "Collection Gore", type "Blood-Sex" ou "Skin Killer"… Nécrorian, à qui "Night Stalker" est d’ailleurs dédié), Zaroff innove cependant en s’appuyant sur une affaire criminelle célébrissime dans les annales de la police américaine. L’« amateur » pourra ainsi « s’amuser » à repérer les éléments puisés dans la réalité de l’affaire : la description physique du tueur, son passé, le modus operandi de certains meurtres, le délire sataniste de Ramirez, sa fascination pour le groupe AC /DC et le morceau "Night Prowler", les conditions rocambolesques de son arrestation… Ca rigole donc moins quand on sait que tout cela est (plus ou moins) vrai. Ceci dit, Zaroff n’est pas Stéphane Bourgoin, et son roman envoie d’abord du gore et du cul dans les grandes largeurs, l’ombre de Nécrorian planant constamment sur "Night Stalker" : du sexe évidemment mêlé de sang quand il s’agit d’évoquer les immondes forfaits de Ramirez (voir le massacre des deux vieilles sœurs, dont l’une est paraplégique : ça fait très très mal !), et du cul totalement gratos quand il faut dessiner le portrait haut en couleurs de Willy Hunt, adjoint quasiment débile du shérif chargé de l’affaire (une fellation par ci, une branlette aux chips par là, devant une VHS de Ginger Lynn, la fameuse pornstar des 80’s…). Bref, "Night Stalker" est peut-être le roman "Trash" qui rend le plus sincère hommage aux mannes de la "Collection Gore", Nécrorian en tête : l'auteur de "Blood-Sex" apparaît même dans le roman, dans un rôle qui lui sied comme un gant ! Une ambiance urbaine typiquement eighties, des personnages tous plus cintrés les uns que les autres, un cocktail sans cesse renouvelé de sexe et d’hémoglobine, des perversions en tous genre (même les enfants...), un synopsis simplissime et direct, un final tout feu tout gore, des chapitres très courts, une écriture qui vise d’abord à l’efficacité brut : Zaroff frappe fort avec "Night Stalker", l’auteur ayant parfaitement appris et assimilé les canons littéraires établis par la "Collection Gore". Pour les nostalgiques de ladite série, dont je suis !"
Jack-the-rimeur :
"Lu. Et pratiquement sans m'en rendre compte, ce qui est toujours un signe de qualité. Je n'insisterai pas sur les canons du genre, pour ne pas dire "la grosse artillerie". On est loin de la "bibliothèque rose" ou du Los Angeles BCBG de Columbo, mais on s'habitue même aux excès et force est de reconnaître que Zaroff sait emballer et mettre sa marchandise en valeur. Bizarrement, le Stalker fait presque insignifiant. J'évoquais plus haut "M. le maudit", mais il y a un air : un détraqué jouet de ses pulsions mais un paumé en pleine dérive, un looser toujours fauché et pas spécialement intelligent. Il n'a rien de l'aura vénéneuse d'un Manson ou d'un Dahmer, par exemple. Les deux autres personnages principaux, le shérif et le profiler, ne s'en sortent guère mieux d'ailleurs, qui se font voler la vedette par l'adjoint Will-la pantoufle en chaleur et "Flingue" McAlister, le Rambo allumé de service. A se demander si le vrai personnage (et le vrai monstre) du bouquin ne serait pas cette société américaine qui ne sait plus faire la différence entre la réalité et le spectacle, le spirituel et l'hystérie, les valeurs et la propagande. Les clichés dévoyés à plaisir et les dialogues très "cinéma" semblent bien aller dans ce sens, de même que le final joyeusement apocalyptique et le triomphe émouvant de l'incompétence absolue. Un roman jouissif et graveleux, peut-être écrit au bulldozer, mais qu'on aurait tort de tenir pour simpliste. J'ai passé un excellent moment."
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