Rachel Lanester 76 - Stéphane Grangier

Publié le par Léonox

 

 

 

 

 

 

 

La nostalgie, camarade : Rachel Lanester 76, de Stéphane Grangier.

 

 

 

 

 

 

Sur ces réseaux que d’aucuns prétendent « sociaux », on ne tombe pas que sur des marchands de (Bernard) tapi(e)s. Fort heureusement, on peut aussi croiser la route de gars comme Stéphane Grangier. Stéphane est l’auteur des romans noirs Hollywood Plomodiern et Fioul, tous deux parus chez l’éditeur breton Goater. Au préalable, il avait signé le recueil de novellas Droit vers le soleil, publié par les Éditions de la rue nantaise en 2012. Un sacré bouquin, vraiment rude, auquel j’avais consacré une chronique dans La Tête En Noir en 2020.

 

Mais ce n’est pas tout. Car le lascar est aussi responsable d’un autre récit, paru en 2015 chez les désormais défuntes éditions La Gidouille. Ce petit volume de 50 pages, j’en ai d’abord parcouru de longs extraits postés par l’auteur sur un blog qui s’est depuis perdu dans les limbes. Et j’ai aussitôt été accroché par leur style direct, leur ton très juste, la tendresse qui en émane et leur ancrage régional (mais surtout pas couleur locale façon terroir : vade retro satanas !).

 

Au point de me donner envie de découvrir la version intégrale de ce texte. Il faut dire que pour des raisons personnelles, avec un bouquin intitulé Rachel Lanester 76, j’étais en quelque sorte le cœur de cible. Stéphane m’avait mis dans sa poche, au point de me conduire au bord du gouffre et du délit d’initié. Ce qui en définitive ne tombait pas si mal, car c’était bien de gouffre et d’initiation qu’il était question ici, comme j’allais le vérifier plus tard en lisant cet ouvrage…

 

L’initiation d’un petit garçon devenu homme, qui comme dans le roman éponyme « se penche sur son passé ». Un homme au bord du noir, qui s’accroche comme un noyé à l’image d’une petite fille. Pas de crime ici, pas même une goutte de sang. Juste un contraste doux-amer en clair-obscur. Et une évocation qui ressemble presque à une invocation. Est-ce de la Blanche ? Est-ce du Noir ? J’avoue que je m’en fous un peu beaucoup passionnément. Ce qui compte, c’est que le texte me touche. Et celui-là m’a touché. Comme il touchera, j’en suis certain, toutes celles et ceux qui ont conservé intact le souvenir de leurs premières amours. Même si leurs trajectoires personnelles les en ont éloignés. Surtout dans ce cas-là, d’ailleurs.

 

Et pourquoi ce coup de projecteur tardif sur un livre qui n’est plus disponible ? Déjà, parce que l’auteur dispose d’un petit reliquat, et que ce serait foutrement dommage de ne pas en profiter. Ensuite, parce que les bons bouquins épuisés, ça se réédite, même les novelettes comme Rachel Lanester 76. Enfin, parce que Stéphane n’a pas fini de travailler sa mémoire au corps. À l’heure où j’écris ces lignes, il développe un projet apparenté plus vaste, qui approfondit certains éléments déjà présents dans Rachel. Décidément, ce satané passé refuse de mourir. N’hésitez pas à remonter aux sources, pour le meilleur et pour le pire.

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