Les zombies de la Nouvelle-Orléans - Jean-Marc Lofficier

Publié le par Léonox

 

 

 

 

Crépuscule vaudou : Les zombies de la Nouvelle-Orléans, de Jean-Marc Lofficier.

 

 

 

 

Publié très (trop ?) discrètement sous forme de hors-série chez Rivière Blanche en septembre 2017, ce roman aurait sans aucun problème pu figurer dans la collection « Noire », du même éditeur. Seulement voilà : Jean-Marc Lofficier est aussi le fondateur de Rivière Blanche, et il préférait ne pas « prendre la place » de quelqu’un d’autre – ce qui est tout à son honneur –, a fortiori avec un livre qui avait déjà connu une première vie. De fait, Les zombies de la Nouvelle-Orléans est une réédition revue et corrigée de Crépuscule vaudou, paru à l’origine en 2008 dans la collection Club Van Helsing, aux éditions La Baleine.

 

En raison des changements effectués par l’auteur, il était bien sûr délicat de conserver le titre d’origine ; néanmoins, j’avoue une petite préférence pour ce Crépuscule vaudou sans doute plus fidèle à l’ambiance du roman. En effet, même si Jean-Marc Lofficier situe son intrigue au moment du passage de l’ouragan Katrina, il évolue dans un registre plus proche du Vaudou de Jacques Tourneur que de la fameuse saga « zombiesque » de George A. Romero. Mais ce n’est là qu’un détail, et surtout pas un défaut : de toute façon, j’aime autant le fantastique psychologique que l’horreur frontale, et les deux cohabitent ici harmonieusement.

 

Cette louable volonté de décloisonnement se retrouve aussi dans l’un des partis pris les plus radicaux de l’auteur : en attribuant à l’ouragan Katrina des causes surnaturelles, il imbrique si étroitement réel et imaginaire qu’on en vient à ne plus très bien les distinguer. C’est d’ailleurs à partir du moment où les éléments commencent à se déchaîner, sous l’impulsion du maléfique Legendre, que le roman se transforme en véritable page-turner. Dès lors, le lecteur se trouve happé dans un tourbillon irrésistible, et tout le savoir ésotérique de Jean-Marc de Marigny ne sera pas superflu pour résister aux puissances occultes déployées.

 

Intimement liée à son contexte culturel et cultuel, l’histoire n’en apparaît que plus enracinée – voire indéracinable. De fait, assez nombreux sont les livres dont la trame ne souffrirait en rien d’une délocalisation. Mais avec Les zombies de la Nouvelle-Orléans, ce serait hors de question : le roman se viderait aussitôt de sa substance. Pourtant, nous nous trouvons a priori en terrain connu, avec dans le fond une nouvelle illustration de la lutte éternelle entre le Bien et le Mal, et dans la forme une horreur pulp de bon aloi. Et c’est ce que nous avons, car Jean-Marc Lofficier n’a pas l’habitude de tromper sur la marchandise.

 

C’est ce que nous avons, mais ce n’est pas tout, car l’auteur ne se contente pas de respecter le cahier des charges. Au contraire, il aligne des scènes si visuelles et explosives qu’on se prend à rêver de les voir illustrées par le regretté Bernie Wrightson ou Richard Corben dans les pages de Creepy ou Eerie… À peu près tout sauf un hasard quand on songe que le fondateur de Rivière Blanche est réputé pour sa connaissance encyclopédique de la bande dessinée et a longtemps travaillé comme scénariste au sein de la mythique Marvel…

 

En conclusion, les zombies de Jean-Marc Lofficier s’avèrent on ne peut plus fréquentables. Alors si vous goûtez une littérature populaire épicée aux sortilèges vaudous, aux meurtres rituels, à la (sur)vie après la mort et au déchaînement tous azimuts d’éléments naturels transformés en autant d’armes de destruction massive, ne vous privez pas d’un roman pulp aussi trépidant que bien documenté s(o)igné par un expert en la matière.

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