Le masque de Loki - Roger Zelazny et Thomas T. Thomas

Publié le par Lester

 

 

 

 

Si je connaissais Zelazny grâce à quelques-uns de ses romans parus chez Denoël « Présence du Futur », en particulier « Royaumes d'Ombres et de Lumières » et « Toi l'Immortel » ; j'ignorais l'existence de son coauteur, un certain Thomas T. Thomas. Hormis le fait que ses parents devaient posséder un sens de l'humour bien particulier (surtout si son deuxième prénom est Thomas), je ne sais rien de ce monsieur dont la quatrième de couverture proclame qu'il « est un écrivain prometteur ».

 

Le roman, conçu de façon habile, nous promène entre deux époques : les Croisades et un futur très proche, un XXIe siècle qui ressemble fort au nôtre, sur les traces d'un musicien de jazz paraissant l'enjeu inconscient d'une lutte entre deux factions mystérieuses et déterminées. Tandis que le héros malgré lui subit diverses manipulations visant à lui faire retrouver la mémoire de ses précédentes incarnations, une partie d'échecs millénaire a lieu entre les derniers Templiers et les descendants des disciples du Vieux de la Montagne, les Haschichins. Le but ultime de cette confrontation consiste en quelques pierres mystiques, fragments d'un cristal dérobé en Asgard par le maléfique Loki. Quel rapport entre la religion nordique et la Palestine du XIe siècle ? Au lecteur curieux de le découvrir, on n'est pas partisan de mâcher le travail, ici au blog ZLL !

 

Présentée ainsi, l'intrigue s'avère attrayante : un soupçon de SF, de la mythologie (et Zelazny s'est montré ailleurs fin connaisseur du sujet), une pincée de conspiration au moins aussi vraisemblable que du Dan Brown (c'est à dire très peu!), de l'Histoire à grand spectacle avec des batailles médiévales et du sang vermeil sur du sable brûlant, tout ça semble très appétissant pour l'amateur de mystère et de fantastique.

 

Pourtant, la mayonnaise ne prend pas. Peut-être à cause du procédé de va-et-vient entre les époques, qui devient lassant à force de répétition. Peut-être aussi en raison des clichés sur les Croisades, avec les Templiers machiavéliques et sournois, les Francs bourrins et sociopathes, et les mahométans raffinés et cruels. Cette vision très hollywoodienne et américaine du Moyen-Âge, simpliste et sans nuance dénote un manque de recherche, et, au final, ce déficit de connaissance profonde du sujet m'a procuré une impression de superficialité, comme quand les auteurs affirment qu'on peut apercevoir l'Atlantique du haut des collines de Normandie ! En ce qui me concerne, ce genre de bourde et de facilité me sort de l'histoire, et coupe les ailes de ma suspension d'incrédulité aussi vite qu'une salve de FlakVierling sur un Mosquito ! Le duo Zelazny-Thomas semble parfois s'empêtrer dans les explications, et n'obtient souvent qu'un peu plus de confusion dans un récit qui s'étire sans réelle nécessité sur plus de trois cent cinquante pages.

 

Avis mitigé, donc, et c'est dommage, car les idées de départ, sans se démarquer par une folle originalité, paraissaient prometteuses. À lire lors du prochain confinement, mais pas l'acquisition indispensable qui trompera l'ennui à coup sûr.

 

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