Dura Lex Sed Rollex - Emmanuel Neuman

Publié le par Lester

 

Dura Lex Sed Rollex.

 

Par Emmanuel Neuman chez Véda éditions.

 

 

 

Quatrième de couverture :

 

Mis sous tutelle par les puissances aliènes de la galaxie à la suite de l'échec de l'expédition vers Lalande, les mondes humains sont accusés d'avoir porté atteinte, au cours de leur expansion, à la biosphère de la zone d'incubation civilisationnelle 164. Ils doivent désormais rendre des comptes à des voisins extraterrestres bien plus experts qu'eux dans le domaine des armes de destruction massive...
Tugdual Krajincsky, l'honorable président de la confédération libérale, sociale, démocratique et sécuritaire, veut conserver son fauteuil. Avec l'aide de son conseiller Rhine Aguino et de Clara, l'IA névrosée de la Présidence, il entreprend de repeindre son bilan calamiteux aux couleurs de la victoire. Pour mobiliser les électeurs, il n'a rien d'autre à promettre que du sang et des larmes. Il se pourrait bien que, pour une fois, il tienne promesse...
Entre science-fiction, satire et humour noir, Dura Lex Sed Rollex est un voyage désopilant dans le vide de l'espace et de l'existence humaine.

 

 

Si vous vous êtes endormi pendant « Starship Trooper », si vous pensez que nos politiciens forment un chouette gros tas de chics types dévoués à notre bien-être, si vous êtes dépourvu d'humour, si vous trouvez que le sexe, c'est sale, alors le petit livre d'Emmanuel Neuman n'est pas pour vous. Si, en revanche, vous pensez que la Science-Fiction ne doit pas forcément se montrer sérieuse et catastrophiste, que l'ironie est parfois supérieure au didactisme, et que le sexe, ce n'est pas sale (enfin, ça doit l'être un peu, si c'est bien fait...) alors lisez « Dura Lex Sed Rollex ».

 

Car ce n'est pas la première fois que la SF sert de prétexte à la charge et à la satire. Depuis « 1984 », dans un registre certes moins rigolo, les auteurs ont utilisé le genre pour délivrer des brûlots politiques, des réflexions sur la société et ses dérives, ou, plus globalement, sur la façon dont va le monde. Emmanuel Neuman a choisi ce chemin, assez proche du conte philosophique, pour nous livrer sa vision d'un futur qui ressemble à s'y méprendre à notre présent. Avec habileté, l'auteur entremêle plusieurs récits, entrecoupés de passages documentaires qui nous renseignent sur le contexte de cette Terre à venir. Nous suivons donc les destinées croisées du Président de la fédération terrienne et d'un simple troufion envoyé au casse-pipe lors d'une expédition coloniale désastreuse vers une lointaine planète peuplée d'Aliens aussi puissants que pinailleurs sur le plan de la diplomatie.

 

Je ne dévoilerai aucun des rebondissements qui parsèment le récit : il suffit de se douter qu'il ne fait pas bon marcher sur les tentacules, ou pédipalpes, ou autres organes improbables utiles à la locomotion de races extraterrestres très avancées. Et de se souvenir que, dans tous les conflits armés, ce sont les bidasses de base qui finissent toujours avec, selon la chance, des médailles à titre posthume ou des corvées de chiottes.

 

Après l'armée, une autre institution fait les frais de la verve satirique d’Emmanuel Neuman : il s'agit de la classe politique, et c'est là que le récit devient souvent hilarant, ou désolant, c'est selon. Car le portrait que nous peint l'auteur du président terrien se révèle une charge féroce contre la caste des politiciens professionnels et de leur clique : conseillers arrivistes et peu désireux de perdre leurs prébendes, experts autoproclamés, généraux d'état-major dépassés par les événements... Nul besoin d'être abonné à la presse politique pour reconnaître les lamentables protagonistes de ce pastiche : leurs patronymes sont transparents, il suffit d'y remettre un peu d'ordre. À croire qu'Emmanuel Neuman a fréquenté ce milieu, tant il rend avec réalisme les travers de ce Président opportuniste et inculte, arriviste et obsédé sexuel !

 

Cependant, « Dura Lex Sed Rollex » n'est pas qu'un livre bouffon et féroce. Il soulève des problèmes réels, dont celui de la confiance excessive accordée par nos têtes pensantes (?) à l'Intelligence Artificielle, il pose la question du fameux « devoir d'ingérence », entre autres. Il réussit aussi à esquisser une histoire d'amour, mais je n'en dirai pas plus !

 

En conclusion, « Dura Lex Sed Rollex » est un roman surprenant, alliant cynisme et drôlerie, qui détone un peu au milieu d'une production SF triste et formatée pour le plus grand nombre. Sa lecture fut pour moi un très agréable moment, et si Emmanuel Neuman récidive, je serais très heureux de suivre sa plume et sa fantaisie.

 

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C
Oh ça a l'air bien dis donc ! je prends note :)<br /> Bonne journée !
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