Pourquoi tant de haine ?
POURQUOI TANT DE HAINE ?
Pourquoi j’ai écrit ce roman ? Pourquoi je l’ai écrit de cette façon ? Nous avons surtout créé cette catégorie pour mettre en valeur les avis, parfois très argumentés et pointus, des lecteurs qui se sont donnés la peine de chroniquer mon sale petit bouquin. Mais j’ai pensé qu’il serait peut-être utile de faire en parallèle quelques mises au point. Dont acte(s). L’un de mes buts, en écrivant Bloodfist, était de solder quelques dettes. J’ai donc entrepris, pour le meilleur et pour le pire, de construire un pont entre mes maîtres Corsélien et Nécrorian, grands goreux devant l’éternel, et les collections « Angoisse », du Fleuve Noir, et « Désordres », dirigée par Laurence Viallet.
Bien sûr, il y eut d’autres influences, plus ou moins conscientes. Je citerai notamment Lautréamont, W.S. Burroughs, Peter Sotos et Christophe Siébert. Mais aussi le Frédéric Dard des Kaput et le Léo Malet de la Trilogie Noire, ainsi que les romans La belle nuit pour un homme mort, de Henri Vernes, et Le festin des charognes, de Max Roussel.
J'en oublie sans doute, mais l’essentiel est là. Avec bien sûr ma sauce perso pour lier tout ça. Quant au(x) reste(s), je laisse à ceux qui n’ont que ça à foutre le soin d'évaluer la proportion d'éléments autobiographiques présente dans le roman. L’autofiction en tant que genre est une merde molle, et ces pistes-là, je les préfère brouillées. En résumé, ma position personnelle est de me servir de TRASH pour tenter des expériences. Je ne m'en suis jamais caché, et puis nous ne sommes pas là pour répéter ce qui a été - bien - fait dans la collection Gore il y a trente ans. D’autant que je suis un mutant, un bâtard qui aime autant Les chants de Maldoror que Nuit noire.
LES MAUX POUR LE DIRE
Certains ont dit que Bloodfist n’était pas si gore que ça. Soit. Mais mon personnage connaît durant le roman une évolution. Dès lors, il va bel et bien passer de la théorie à la pratique. Sinon il y aurait tromperie sur la marchandise. À la formation de mon psychopathe succédera donc l'étape de la déformation. Je rappelle d’ailleurs que trash n’est pas synonyme de gore : « utilisé en tant qu'adjectif dans le langage courant, trash qualifie une action ou un ouvrage, voire un personnage, physiquement sale, répugnant ou moralement malsain ».
Je comprends que mes partis pris puissent faire débat, et que certains de mes choix déroutent. Nécrorian, par exemple, a estimé que nos livres étaient « trop bien écrits », alors qu'Andrevon, au contraire, a relevé la qualité du style, supérieur selon lui à celui de nombreux auteurs Gore. Mon défi, si j'écris un autre roman, sera de faire une synthèse de ces avis, tous deux fondés. Car Nécrorian a raison : trop d'effets tuent l'effet, et la littérature que nous défendons vise une certaine forme d'immédiateté. En gros, la distance, c'est le mal.
Ceci dit, même si je ne suis pas un auteur Gore classique, je pense quand même être capable d'écrire de façon directe (il me semble que les chapitres écrits du point de vue de l'homme au crâne rasé l'attestent, en tout cas j'espère), mais je ne tiens pas à procéder de cette façon systématiquement. Je fais des mélanges. Parfois ça marche, parfois non. Ou pour être plus précis, certains aiment mon bouquin exactement pour les raisons qui font que d'autres ont du mal à entrer dedans. D'où mes interrogations quant au style, et au bon dosage à adopter.
Parce que précisément, ce que Nécrorian veut dire par « trop bien écrit », c'est un style trop appuyé. Donc qui ne se fait pas oublier. Et l'homme sait de quoi il parle. Il sait ce qu'est un style « blanc » et un style un peu « baroque ». Ma façon de faire est heurtée, je tire sur la langue dans tous les sens, ce qui rend parfois la lecture peu fluide. Or dans un roman Gore, ce qui importe avant tout, c'est l'efficacité. Il faut être le plus frontal possible, et l'auteur doit savoir s'effacer derrière son récit. Et le chien écouter la voix de son maître.
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