La saga de Mme Atomos # chapitre 5

Publié le par Léonox

 

Mue serpentine : La saga de Mme Atomos, chapitre 5.

 

À l’instar de ses prédécesseurs, ce cinquième volume des aventures de Mme Atomos utilise les rouages d’une friction de cauchemar (le réel, donc) pour mieux délivrer, par le biais d’une fiction fantasmée, l’antidote qui permet d’y résister. Avec le judicieusement intitulé Mme Atomos change de peau, l'auteur donne d’ailleurs un nouveau souffle à sa saga en introduisant une notion pour le moins surprenante dans ce monde de violence et de destructions massives. En effet, la maléfique Japonaise ne se contente pas de s’y inspirer de son ennemi Smith Beffort (lequel avait recruté un certain nombre de repris de justice afin de mieux combattre Kanoto Yoshimuta sur son propre terrain) en puisant dans les bas-fonds de la société américaine afin de reconstituer son armée décimée. Non, Mme Atomos n’est pas de celles qui dupliquent les attitudes : elle est beaucoup plus intéressée par la duplication des hommes !

C’est ainsi que notre mégère faussement apprivoisée se présente sous l’apparence d’une jeune journaliste japonaise nommée Icho Fuji dans le très sensuel Mme Atomos fait du charme ! Plus déterminée que jamais, la vénéneuse ennemie de l’Amérique a décidé de profiter doublement de sa nouvelle et charmante apparence. Dans un premier temps, elle a entrepris de séduire le sémillant Yosho Akamatsu afin, semble-t-il, de satisfaire ses nouveaux appétits… Mais ce climat langoureux va bien vite laisser place à une atmosphère des plus inquiétantes.

En effet, Smith Beffort ne tardera guère à réaliser que sa femme Mie Azusa et son ami Yosho ont été exposés respectivement à un clip et à une montre radioactive en provenance de… la belle Icho Fuji ! Madame Atomos va donc se trouver contrainte à fuir mais, et c’est là tout le sel du roman, elle ne pourra plus se présenter devant ses sbires, qui ne la reconnaîtraient pas sous sa nouvelle apparence ! Savoureux paradoxe, qui verra Icho Fuji prendre la tête de l’organisation criminelle grâce à un ordre donné par… Mme Atomos ! Cette ambiguïté se dissipera toutefois dans l’Empreinte de Mme Atomos car, justement, les empreintes digitales ne mentent pas. Cependant, après avoir été reconnue de part et d’autre, Kanoto Yoshimuta réussira à tirer profit de la situation pour mieux reprendre son obsessionnel travail de sape…

Un échange très intéressant entre Smith Beffort et son épouse résume d’ailleurs fort bien la tournure « intime » prise par la série à mi-parcours : « — Nous vivants, les actions de notre ennemie resteront limitées et ne tendront qu’à nous attirer dans un piège. — Si elle nous tue, elle se retournera contre les Etats-Unis. Donc, nous devons demeurer en bonne santé ». Un dialogue étonnamment fataliste et combattif à la fois, qui en dit long sur l’exceptionnel tempérament de ce couple uni pour le meilleur en théorie, mais plus souvent pour le pire dans la pratique. Et qui trouve un terrifiant écho un peu plus loin dans le roman, quand Mme Atomos attend que le sort des deux empêcheurs de terroriser en rond soit scellé pour répandre 10 000 ampoules pleines d’une substance bactériologique mortelle sur les États-Unis…

J’ai déjà écrit à plusieurs reprises que Rivière Blanche est un éditeur d’exception. Préfacé par Dominique Rocher, qui évoque « Angoisse », agrémenté d’une malicieuse nouvelle inédite, où François Darnaudet et Jean-Marc Lofficier dotent Mme Atomos d’un programme spatial bien spécial, cet omnibus formidable, composé des numéros 156, 160 et 169 de la mythique collection du Fleuve Noir, en est une preuve supplémentaire. Quand la fiction devient friction, les frissons provoqués par Mme Atomos ne sont plus seulement ceux de l'Angoisse...

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